Les enfants aiguillés vers les filières décrites dans cet
article sont victimes des illusions véhiculées par la presse, la littérature,
les ouvrages des doctrinaires et théoriciens du sport et de l’éducation
physique, victimes des injonctions quasi-patriotiques des gestionnaires
politiques (maires, ministres, députés, etc.), et des formules toutes faites du
sens commun comme les discours de remises de récompenses.
L’idéologie sportive donne l’illusion d’une évidence, d’un
trésor commun à l’humanité, et ses effets sont encore plus importants que ceux
des autres idéologies, car le sport fusionne les classes alors que les autres
idéologies divisent rt fragmentent.
Cet ensemble de mythes et d’illusions produit un univers
enchanté où tout est possible, même l’impossible, ce que Marcel Mauss appelle
« une croyance obligatoire de la société ». Du coup, il est très
difficile de démystifier une carapace faite de locutions stéréotypées, de
clichés, de lieux communs d’expressions rituelles et de croyances inébranlables
souvent exprimées par la formule « nos valeurs » sans plus de
précisions.
La force de l’idéologie sportive est d’apparaître comme neutre,
et c’est la critique de cette idéologie, comme ce commentaire lui-même, qui semble
idéologique.
Ce n’est pas par hasard si les « sponsors »
investissent autant dans ce domaine. « Panem et circenses » est une recette
éprouvée de longue date pour exercer un pouvoir sur le « peuple »
sans distinction.