@ l’auteur
Vous abordez maintenant les évènements de Sétif, qui sont cruciaux pour comprendre la suite du conflit (pourquoi ça s’est durci), et pour le coup je trouve votre article bien incomplet.
Je ne vais pas polémiquer sur le nombre de victimes, même si c’est évidemment important il est difficile de savoir exactement aujourd’hui.
Par contre, il me semble qui si vous présentez en détail les principaux acteurs du côté algérien, il n’y a pas un mot sur les colons, et c’est là que le bat blesse. Je vais donc compléter très grossièrement « le tableau » de ce côté là.
Tout d’abord, l’historiographie ne distingue, parmi les colons, que deux « meneurs » : Susini (un cafetier) et Lagaillarde (un étudiant que l’on qualifierait aujourd’hui de « facho »). Par rapport à l’importance de l’enjeu, ça fait bien maigre, et ça explique (à mon sens) pourquoi les colons ont été lâchés par le pouvoir Gaulliste.
Un autre élément, c’est le ait que les colons algériens aient été massivement vychiste (comme nombre de français en 1940), mais surtout qu’ils le soient restés tout au long de la guerre (ici encore, on pourrait développer).
Autre élément historique, la création (sous la troisième république) d’un « Parti Antisémite » (c’était le nom du parti) dans a continuité du décret Crémieux que vous avez précédemment évoqué. Pour donner une idée de l’ambiance (regardez Wikipedia), Max Régis, créateur du journal « l’antijuif Algérien », est élu mare d’Alger en 1898.
Et donc, quand on voit comment les colons réagissaient à la citoyenneté des juifs accordée par le décret Crémieux, on a une idée de comment ils appréhendaient la citoyenneté éventuelle des musulmans.
Enfin, et ce n’est pas le moindre, la date du 8 mai n’est pas « innocente », cette date a été choisie car nombre de colonisés ont été incorporés dans les troupes gaullistes, et ces colonisés qui avaient risqué leur vie pour la France libre trouvaient juste, après la victoire, de revendiquer pour un meilleur statut, du fait même de leur engagement. Vous auriez pu souligner que parmi les drapeaux figuraient des drapeaux français (justement en référence aux soldats de la France libre). Par contre, la police était restée vychiste, et à mon avis cela explique dans une large mesure l’origine des premiers coups de feu.
Pour conclure, il ne s’agit pas ici de se lancer dans une querelle mémorielle sur « qui a le plus souffert » , cela n’a pas de sens 80 ans plus tard, mais je trouve que vous deviez à minima éclairer le passé fort peu glorieux des « élites » et de l’administration algéroise. Je pense que cela éclairerait grandement les choses et rajouterait de l’objectivité à votre développement. Car enfin, on ne peut pas critiquer de Gaulle et passer sous silence la mainmise vychiste à cette époque.