Elle révélera la
faible valeur du parapluie militaire américain pour les États membres de l’UE
Quand Poutine prétend que les
choses sérieuses n’ont pas encore débuté, que Choïgou dit n’avoir mobilisé qu’une
faible fraction de son potentiel
militaire, doit-on les croire ? C’est possible s’agissant des hommes
mobilisables, mais quid du matériel, des munitions ? On peut soupçonner
une grosse part de bluff dans ces déclarations.
Quand l’auteur de l’article relaie
un message destiné aux soutiens de Poutine sur une victoire possible de Poutine
en cette fin d’année, là encore on peut soupçonner une part de bluff.
Mais la mutation de l’opération
spéciale vers une vraie guerre paraît des plus crédibles, directement
conséquence de l’annexion des régions orientales de l’Ukraine. Cette mutation
se traduira sans doute par une plus grande brutalité des opérations russes en
Ukraine, et une résistance ukrainienne encore plus vive.
Mais supposons un instant que
ce que je soupçonne être du bluff n’en soit pas et que Poutine risque de l’emporter
d’ici la fin de l’année.
La situation deviendrait alors
extrêmement dangereuse car les USA ne peuvent accepter une telle issue au
conflit ukrainien san réagir vigoureusement.
On peut imaginer que les buts
de guerre des USA (ils n’ont pas déclenché cette guerre mais ont tout fait depuis
2014 pour qu’elle soit déclarée par la Russie) sont les suivants :
- Obtenir un « regime
change » en Russie entrainant l’arrêt de l’opération spéciale, préservant ainsi les frontières de l’Ukraine
- Affaiblir économiquement
l’Europe et en particulier l’Allemagne
En cas de victoire hypothétique
de Poutine d’ici fin 2022, un seul de ces objectifs serait atteint, l’affaiblissement
de l’Europe et de l’Allemagne. Une demi-victoire pour les USA qui aurait des allures
de demi-défaite. Inacceptable pour l’hyperpuissance révélant à l’Europe « la
faible valeur du parapluie américain ».
Une montée aux extrêmes est
alors possible, sous une forme ou une autre.
Parmi les hypothèses, on pourrait
imaginer un processus amenant une frappe nucléaire tactique en Ukraine attribuée
à la Russie. Comme pour le sabotage de NS1 et 2, il serait impossible de
prouver qui est le véritable auteur de la frappe. Ce serait l’hypothèse « syrienne »,
au sens où des attaques chimiques attribuées à l’ennemi syrien soutenu par la
Russie, version contestée, intervenaient à des moments critiques du conflit en
Syrie, avec des menaces de réactions à la clé.
Une telle frappe nucléaire
tactique, quelque part en octobre avant les élections américaines produirait un
effet de sidération dans le monde. Cela bloquerait l’action de l’armée russe et
empêcherait une victoire fin 2022 de la Russie. Un changement de stratégie et de paradigme
serait inévitable côté russe, sans pouvoir en anticiper le sens.
Alors à ce saut dans l’inconnu
où notre survie serait en jeu, on préfèrera ignorer les déclarations et
rodomontades de Poutine et Choïgou et souhaiter un gel du conflit, les deux
armées s’équilibrant, puis un jour des négociations inévitables.