En contrepoint, je vous
propose
Misère de la philosophie. Critique de l’inversion du
sens.
Puisque l’auteur avait abordé la dualité signifiant-signifié dans un précédent article, importons-en le principe s’agissant ici du pseudo- « mystère de la mort ».
Si on métaphorise la dualité du mot signifiant et de la pensée signifiée comme la dualité d’une clef et d’une porte à ouvrir, alors on peut configurer le jeu suivant qui consiste à :
Ramasser une clef perdue, isolée dans rue et s’ingénier à tenter de détecter, disserter, imaginer, romancer, théoriser, poétiser, problématiser, dramatiser... avec complaisance le « mystère » de la porte qu’elle serait sensée ouvrir, de l’espace qu’elle ouvrirait, du sens intrusif qu’elle orienterait.
Selon cette
métaphore, la clef perdue c’est le mot isolé, ramassé dans
le commun du langage en dehors de tout énoncé. Ici la clef c’est
le mot « mort », qui est un substantif ou adjectif
(forme de la clef) . Bon.
Sans le contexte référentiel d’un
énoncé, le mot n’ouvre rien, le signifiant ne signifie rien. Si
l’ayant trouvé dans la rue du langage vous le présentez à un
serrurier-grammairien-lexicographe, il vous déballera sont savoir,
expliquant que cette clef-verbale peut ouvrir des portes à serrures
étymologiques, philosophiques, psychologiques, médicales,
théologiques, etc. Mais lesquelles, çà, c’est pas son affaire,
c’est celle des cambrioleurs ou des policiers. On a pas le droit
d’ouvrir la porte d’autrui. Si vous n’avez que le mot, aller vous
faire voir !
C’est que le serrurier est un bon ouvrier animé d’une déontologie morale : pour lui c’est l’espace de d’une maison avec sa porte d’accès et ses occupants (le signifié) qui confère du sens à la clef (signifiant), pas la clef qui donne du sens et du sens moral à la maison et à ses occupants. Le serrurier à du « bon sens », il ne fait pas d’inversion du sens.
Ben voilà, dans ce texte Jankélévitch se présente en serrurier cambrioleur (un intellectuel), un mauvais ouvrier des mots-clefs qui cherche à violer le sens à contre-sens, à faire intrusion dans l’espace de l’intellection dans le mauvais sens. Du coup il ne parvient pas à ouvrir de porte, à trouver la porte de la clef « la mort » et en bon tricheur du sens mis en échec, il déclare, le malin ! que cette clef est impensable, indicible, mytérieuses, métempirique, etc.
Jankélévitch a beaucoup de talent et d’érudition, ici il se met (ou est mis) en scène publique en agitant sa clef-mot « mort » sachant le pouvoir des mots-stimulis sur l’impensé des braves gens du sens commun. C’est une escroquerie méthodique !
Il est sage de
déployer une autre méthode de pensée qui ne se paie pas de
mots-codes découpés, décontextualisés pour faire de la mousse.
Le
mot « la mort » isolé du champs sémantique
bio-descriptif [naissance, vie, nuptialité, relation, amour, soin,
haine, guerre, vieillesse, déclin, … ] et déconnecté de liens
syntaxiques, déictiques, dynamiques ou autres, n’a aucun intérêt.
Sinon esthétique, théâtral, symbolique. C’est du spectacle, de la
com !
Il n’y a pas plus de mystère de « la mort » que de la naissance, de l’amour, de la conscience.
En fait le seul
mystère insondable c’est celui du sujet qui ne s’explique pas
lui-même, qui se représente dans ses propres énoncés par un
pronom « Moi, je », redondant pour être consolant, mais
qui reste un point aveugle, un trou à combler, un facteur
d’angoisse latent car démuni de représentation.
Pour le dire
autrement en clair : nous étions subjectivement absent le jour
de notre conception ou naissance (scène primitive), c’est là
l’insondable amorçage paradoxal de notre intellection consciente
subjective et de son encerclement affectif, émotionnel. La mort en
tant qu’abcence de sujet est donc un déjà là précoce foetal bien
vivant ! du fait même qu’il précède la subjecto-génèse
post-natale (tardive, néoténie), et de l’amnésie structurelle qui
accompagne le déploiement psycho-linguistique de la conscience
subjective.
Le Moi,je, surgit sinon du néant, du moins d’un trou
génésique impensable !
Du coup on
comprend mieux qu’on ne peut pas vivre conscient sans être mortel !
C’est livré et construit avec !
Et pourquoi la mort et la naissance (et
d’ailleurs la sexualité) sont des formes du même trou anxiogène,
du même point aveugle, du même couloir creux... qui indique le sens
d’entrée ou de sortie.
D’où la métaphore « freudienne » symbolique de la clef et de la serrure, et du va & viens du sens qui s’y joue, le lecteur l’aura senti venir.
Amicalement aux lecteurs patients !
13/11 19:04 - Robin Guilloux
@Laconique J’ai été inspiré par la pensée de Vladimir Jankélévitch.
11/11 15:14 - Laconique
@Robin Guilloux Merci pour ce message. Soyez assuré de mes meilleures pensées. Votre article (...)
11/11 14:47 - Robin Guilloux
@Laconique Je viens de perdre ma mère récemment et je comprends parfaitement ce que vous (...)
11/11 11:54 - Gollum
@Laconique Post intéressant. Bien argumenté. Sauf que... C’est vous qui vous emmêlez (...)
11/11 10:32 - Laconique
@mmbbb Merci pour votre commentaire. Ce n’est pas la première fois que vous faites (...)
11/11 09:58 - mmbbb
@Laconique « philosopher , c est apprendre à mourir » Montaigne J ai toujours apprécié (...)
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