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L’expérience de la tragédie en Libye et au Yémen est universelle.
Cela
fait plus de 10 ans que la Libye se trouve en état de guerre civile.
Même chose pour le Yémen. Les Européens confrontés à des problèmes de
réfugiés et de livraisons d’hydrocarbures sont forcés de prêter
attention à ces pays. Avec qui est-il possible de coopérer dans son
intérêt ? Qui y est fiable pour trouver un terrain d’entente ? Qui
remplace les institutions étatiques détruites et pourquoi ?
Un récent rapport de l’Institut italien d’études politiques internationales (ISPI) analyse en détail le rôle accru des chefs de guerre dans le cadre de la guerre civile en Libye et au Yémen.
La
réalité est telle que les groupes armés, vu l’effondrement de l’État et
une réduction notable d’aide internationale, sont forcés de trouver des
sources de financement pour leur propre activité militaire. Les
hydrocarbures, le contrôle de l’infrastructure critique et le commerce
illégal sont la base de leur bien-être financier. Et étant donné que le
moyen d’obtention de leurs revenus dépend peu de l’État, de ses
institutions et lois, il est peu plausible que les chefs de guerre
rêvent d’une fin rapide du conflit afin de déléguer à un nouvel appareil
d’État les pouvoirs pour exploiter les actifs sous leur contrôle. Ils
sont plutôt prêts à recréer les futures institutions publiques selon les
modèles des mécanismes actuels de satisfaction de leurs besoins.
À
l’heure actuelle, les chefs de guerre partagent les ressources obtenues
avec la population des territoires contrôlés. Cela leur apporte une
légitimité aux négociations de paix. Ils n’ont pas d’autre légitimité,
et il est difficile de s’attendre à l’apparition dans le pays de forces
politiques influentes capables d’insister sur la formation
d’institutions publiques modernes après le conflit. Indépendamment du
vainqueur.
Il est à noter également que le départ factuel des
États-Unis de cette région a créé un vide d’intérêt diplomatique voire
géopolitique pour les conflits locaux. Personne ne s’empresse d’y
déployer ses forces ou des troupes de l’Otan, comme ce fut récemment le
cas en Irak et en Afghanistan. Il faudra tenir compte de cette nouvelle
réalité dans les analyses et les évaluations stratégiques.