La femme marquée par le manque
25À la suite de Freud, beaucoup de femmes, disciples de sa théorie, sont ici « épinglées » par Janine Chasseguet-Smirgel. La femme est mise en opposition avec la mère, figure centrale de bien des cultures, source du bien et du mal. Si l’objet naît dans la haine, comme nous l’apprend Freud, on comprend que le premier objet soit à la fois maléfique puis bénéfique. L’enfant doit user de stratagèmes pour échapper à la toute-puissance de la mère.La fuite devant la mère
26Le père et son pénis constituent cette issue et ce relais (idéalisation de ce père pour la fille, identification à lui pour le fils).
27Le matricide symbolique dans la filiation selon les Grecs constitue une séparation d’avec la mère, autrement impossible, sinon dans sa réalisation concrète, dans le cas de personnalités hautement pathologiques. Ainsi en est-il de toutes les disqualifications concernant le féminin, ses organes, son principe (cf., par exemple, les flots d’injures proférés à l’encontre du corps de la femme, dans l’œuvre de Sade).
La théorie de la sexualité infantile, marquée, chez Freud, du sceau de l’homosexualité
28De Freud ( « La féminité » ) à Luce Irrigaray (« Spéculum de l’autre femme », 1974), la question du « Que veut-elle ? » circule dans la littérature analytique. Il a fallu à Freud tout son génie pour, à la fois, entériner de par sa propre psyché, les préjugés misogynes et, en même temps, nous léguer la découverte de l’inconscient qui permet d’en « saisir les plus secrets ressorts ».
29Faisant référence à son propre ouvrage, Les deux arbres du jardin, Janine Chasseguet-Smirgel nous démontre qu’il faut la conjonction des deux composantes, le masculin et le féminin, pour concevoir l’enfant, comme la pensée.
L’origine du Monde
30Reprenant le mythe de la Genèse, l’auteur nous montre comment Dieu le Père divise et organise le magma primordial, Mère-nature. C’est cette cosmogonie que l’auteur rapproche du schéma de la naissance de la vie psychique du sujet.
31C’est le risque de sa désorganisation par le déni de la différence des sexes que court la reconnaissance d’une filiation chez un couple homosexuel.
La destruction des différences
32Ce sous-chapitre donne lieu à un recensement des lectures et apports (?) de textes dus aux mouvements féministes américains actuels. Ceux-ci visent à se débarrasser du « pouvoir hétérosexuel ». À partir, notamment, de la phrase célèbre de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » Ainsi, sexe et genre n’iraient pas ensemble. Dans cette perspective, la grossesse même, désacralisée, deviendrait « négociable, artificialisable, substituable » (article de Marcela Iacub, in Les Temps modernes : « Reproduction et division juridique de sexes »). La procréation médicalement assistée devient alors, dans cette perspective, au détriment de la grossesse, la seule voie, non sexuelle, à privilégier. Ainsi Le Meilleur des mondes (1937) est déjà pour demain.