chez qui le meilleur côtoie parfois le pire (7) –, la même caste inculte et servile, réagissant selon des réflexes « pavloviens », n’a évidemment pas manqué d’y voir une nouvelle forme de « peste brune ». Mais, face au démocrato-bellicisme sur fond de « religion civile » de George Bush (8), dont le néo-messianisme fait si remarquablement pendant à l’islamo-bellicisme apocalyptique de Ben Laden qu’il est difficile de ne pas penser au couple Big Brother-Goldstein du 1984 de George Orwell, l’évidence géopolitique eurasienne, dont les racines se situent, comment pourrait-il en être autrement, en Russie (9), semble s’imposer peu à peu comme un pôle de résistance qualitative à l’américamécanisation des âmes. La Pax atlantica, déjà mise à mal par l’excellente politique étrangère pro-russe du général De Gaulle (10), n’est plus l’horizon unique des européens de l’Ouest, une autre s’offre à eux, du côté de l’Est – le « Grand Est » de Chögyam Trungpa – : la Pax eurasiana. Or, c’est précisément là que se situe l’épicentre de Vladimir Poutine et l’Eurasie ainsi que de l’ensemble de l’œuvre de Jean Parvulesco, poèmes romans et articles confondus.
Cela ne s’est pas passé comme ça !
Quelle que soit l’opinion que l’on se fait de Vladimir Poutine, toujours est-il que le président russe ne peut manquer d’apparaître comme un homme d’État hors du commun à bien des égards. Dans La mystérieuse ascension de Vladimir Poutine, Jean Lorrain le remarque fort pertinemment : « La personnalité de cet homme à l’allure empruntée, au physique terne et à l’apparence réservée de fonctionnaire sans envergure contraste tellement avec son ascension météorique jusqu’au sommet du pouvoir, qu’il est difficile de ne pas concevoir le soupçon d’un grand mystère, immédiatement corroboré par son sulfureux passé d’agent secret » (cit. p. 221). Il faut par exemple se souvenir qu’avant d’être élu Président de la République de Russie, Vladimir Poutine avait été mis en selle par le pitoyable clan Eltsine allié à une oligarchie d’affairistes sans scrupules occupée à livrer la Russie et le peuple russe à la « Suprasociété globale » pétrolo-financière dénoncée par Alexandre Zinoviev (11), pensant faire de lui un instrument des plus dociles. Mais « cela ne s’est pas passé « comme ça » » (12). L’ex officier du KGB (13) mata les oligarques. Rénovateur, sans se détourner de l’Est, de la politique réaliste d’ouverture à l’Ouest inaugurée par Pierre le Grand, le petersbourgeois Vladimir Poutine, « premier, depuis Nicolas II, à s’avouer profondément chrétien et à souhaiter que l’orthodoxie joue un rôle important dans la société » (14), né sous le signe de la Balance (signe particulièrement favorable pour un homme politique appelé à diriger un pays dont le blason représente une Aigle à deux têtes, l’une tournée vers l’Occident, l’autre vers l’Orient), oui, l’« homme à l’allure empruntée » se révéla un véritable homme d’État, un patriote soucieux de redresser, après des décennies de malheur, un pays qui n’est pas n’importe quel pays mais la première puissance continentale, née en 988 par la grâce du baptême du prince Vladimir dans les eaux du Dniepr.
Jean Parvulesco, témoin de l’Orient du Nord