Jean-François Chalot a raison. Je vais sur mes 83 ans. Ma mère s’est mariée en 1938, un an après l’abrogation de « la femme doit obéissance à son mari » rappelé par les maires lors du mariage. Pendant 15 ans, à partir de 1973, j’ai manifesté dans les rues de Paris, participé à des groupes de travail féministes, organisé des réunions publiques. A cette époque, il fallait l’autorisation du mari pour travailler, avoir un compte en banque, faire un achat important, choisir le lieu de domicile etc... Nous nous sommes battues pour l’égalité des droits et la liberté d’avorter ou même d’utiliser la contraception de manière efficace.
Nous voulions donc l’égalité des droits et nous agissions collectivement. Nous l’avons à peu près obtenue, mais il restait à changer les mentalités. Ce n’est pas encore réalisé. De plus, je suis très déçue par nos nouvelles féministes qui fondent leur combat sur un besoin de protection. Si les femmes s’affirment fragiles, elles ne peuvent plus s’affirmer égales des hommes. Les mouvements comme « me too » ont transformé notre lutte collective pour l’égalité en une myriade de combats individuels d’appel à la protection. J’ai aidé , hébergé des femmes battues, battues chaque soir, traînées dans la rue par les cheveux vraiment en danger, or maintenant on monte la mayonnaise pour une seule gifle en 10 ans de vie commune en période de crise simplement parce que le coupable est une personnalité politique, alors qu’il peut être utile aux femmes en défendant les droits sociaux des plus exploités. Une gifle est condamnable, mais sachons raison garder et défendre nos vrais intérêts avec intelligence.