@Gollum
Ma foi, si vous ne voyez dans
la Loi du Sinaï que de la morale je ne peux pas grand-chose pour vous… La Loi
du Sinaï est d’abord le sceau de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Et
ensuite il y a tout dans cette Loi : un code juridique, les règles du culte,
les limites posées par Dieu pour qu’une existence soit possible, des prescriptions d’hygiène et de médecine, tout un mode
de vie – tout sauf de la morale.
Nous avons déjà eu maintes
fois cette discussion sur la morale. À partir de Socrate, la vertu – αρετή –
joue un rôle majeur dans tout un courant de la philosophie grecque. Aristote a
écrit au moins quatre ouvrages sur le sujet, dont les deux fameuses Éthiques, Platon
y est revenu tout au long de sa vie, avec des questionnements parfois tout à
fait scolastiques du genre « la vertu est-elle une ou quadruple ? »,
etc. On ne trouve nulle part cette focalisation dans la Bible qui a de tout autres
préoccupations. Surtout, la Bible n’est pas un exposé théorique – angle sous
lequel vous voyez toujours les choses –, elle est tout entière existentielle ou
elle n’est rien. C’est une succession d’écrits de circonstances, faisant référence
non à des idées mais à des événements vécus, et qui doivent entrer en
résonnance avec la vie du lecteur-auditeur. Les considérer avec un œil froid
et sceptique, analytique, c’est déjà les tuer dans l’œuf (cf. les paraboles de
la Parole de Dieu, graine qui germe ou ne germe pas selon le terrain sur lequel elle tombe).