https://reseauinternational.net/manicheisme-et-ideologie-dempire-liberal-la-guerre-cosmique-eternelle-de-biden-contre-le-mal-russe/
par Alastair Crooke
« Les appétits de l’autocrate ne peuvent être apaisés. Ils
doivent être contrés. Les autocrates ne comprennent qu’un seul mot :
« Non ». « Non ». « Non ». (Applaudissements.). « Non, vous ne prendrez
pas mon pays ». « Non, vous ne prendrez pas ma liberté ». « Non, vous ne
prendrez pas mon avenir … Un dictateur déterminé à reconstruire un
empire ne sera jamais en mesure d’atténuer [d’effacer] l’amour du peuple
pour la liberté. La brutalité n’écrasera jamais la volonté des
personnes libres. Et l’Ukraine – l’Ukraine ne sera jamais une victoire
pour la Russie. Jamais ». (Applaudissements.)
« Soyez à nos côtés. Nous serons à vos côtés. Allons de l’avant…
avec l’engagement constant d’être des alliés non pas des ténèbres, mais
de la lumière. Non pas de l’oppression, mais de la libération. Non pas
de la captivité, mais, oui, de la liberté ».
Le discours de Biden à Varsovie, avec ses effets de lumière et sa toile de fond dramatique qui rappellent son discours de Liberty Hall
dans lequel il cherchait à dépeindre sa propre opposition intérieure
MAGA comme une grave menace pour la sécurité des États-Unis, recourt à
nouveau au manichéisme radical pour dépeindre (cette fois) la Russie (le
contrepoint extérieur de la menace MAGA américaine) comme le fondement
de la bataille épique entre la lumière et les forces des ténèbres. La
lutte éternelle qui persiste – qui doit être combattue sans fin et
gagnée de manière écrasante.
Une fois encore, comme lors de son discours de Liberty Hall, Biden
n’a proposé aucun plan concret. Ici, à Varsovie, alors que le temps
presse pour son « projet » ukrainien et que les « réalistes » américains
et les « faucons » chinois gagnent du terrain chez eux, Biden a élevé
la lutte du plan littéral au plan métaphysique.
Ce faisant, il tente de cimenter l’éthique missionnaire profondément
ancrée des États-Unis dans une guerre cosmique « éternelle » contre le
« mal » russe. Il espère lier la classe dirigeante américaine à la lutte
métaphysique pour la « lumière ». Si Biden reste en fonction, il espère
par ce moyen à la fois se « définir » et faire de cette lutte mondiale
globale quelque chose qui lie les Américains, pour la période à venir.
En d’autres termes, son cadre métaphysique a pour but d’éclipser les réalistes qui demandent un changement de politique.
Le manichéisme n’a rien de nouveau – il s’agit d’un ancien culte
profondément enraciné dans le Christianisme latin (et il est probable
que Biden adhère au moins partiellement à l’idée de voir Poutine comme
le Démiurge, l’anti-Dieu « sombre »).