@SUR1NUAGE
, @Gollum
Goethe était également un grand spinoziste avec ce texte
incroyable, ça résume l’Univers d’Einstein, ce monde qu’il
est possible de triturer, mais où on ne peut jamais s’extraire.
Fragment sur la
Nature
La nature ! Nous
sommes entourés et embrassés par elle - incapables de sortir
d’elle, incapables
de pénétrer davantage en elle. Sans qu’elle nous le demande, sans
qu’elle nous en
prévienne, elle nous prend dans la ronde de sa danse et nous
entraîne avec elle
jusqu’à ce que nous nous fatiguions et tombions de ses bras.
Elle crée sans
relâche de nouvelles formes ; ce qui est là, ne le fut avant, ce qui
était
là, ne revient
jamais - tout est neuf et reste pourtant toujours la chose ancienne.
(...) Elle semble
avoir tout investi dans l’individualité et pourtant elle n’attache
aucune importance
aux individus. Elle construit et détruit sans cesse, et son atelier
est inaccessible.
(...) Chacune de ses
œuvres possède son propre caractère, chacune de ses manifestations
son sens le plus spécifique et pourtant tout cela constitue une
seule unité.
(...) Elle est vie
éternelle, mouvement et devenir sont en elle et pourtant elle ne
bouge pas. Elle se
transforme éternellement et à aucun moment ne se trouve-t-elle
au repos (...)
Tous les hommes sont
en elles, et elle en tous. Avec tous elle joue un jeu aimable et
se réjouit au fur
et à mesure qu’on gagne davantage d’elle (...)
Elle c’est divisée
afin de pouvoir jouir d’elle même (...)
Ses enfants sont
sans nombre. Elle n’est avare avec aucun, mais elle a ses préférés,
sur qui elle verse
beaucoup, pour qui sacrifie beaucoup (...)
Son théâtre est
toujours neuf car elle crée toujours de nouveaux spectateurs. La vie
constitue sa plus
belle trouvaille, et la mort est une astuce pour avoir beaucoup de
vie.
Elle enveloppe
l’homme dans la torpeur et l’éperonne toujours vers la lumière.
Elle
le crée lourd et
indolent, lié à la terre, et elle le met constamment en branle.
(...) Tout est
toujours présent dans la nature. Elle ne connaît ni passé ni
futur. Le
présent est son
éternité (...) Elle est entière et pourtant toujours inachevée.