Distinction entre incorporation, introjection et intériorisation
3Nicolas Abraham et Maria Torok ont jadis apporté une clarification notionnelle éclairante de ces termes qui sont souvent utilisés les uns pour les autres, en distinguant le fantasme d’incorporation et le processus d’introjection. Le fantasme d’incorporation serait un mécanisme qui viserait à « recouvrer, sur un mode magique et occulte, un objet qui s’est dérobé à sa mission : médiatiser l’introjection du désir » (Abraham, Torok, 1987 [1971], p. 237). Le processus d’introjection « réserve à l’objet – l’analyste en l’occurrence – un rôle médiateur vers l’inconscient, en opérant un va-et-vient entre le narcissisme et l’objectal, entre l’auto et l’hétéro-érotisme, et vise à transformer les incitations pulsionnelles en désir et fantasmes de désir » (ibid., p. 236). Cette notion de va-et-vient entre le narcissisme et l’objectal, entre l’auto et l’hétéro-érotisme, entre en résonance avec le modèle greenien du double retournement (Green, 1967, 1983, p. 119) et la conception de Green de l’introjection [1][1]« C’est dans la mesure où l’introjection n’est ni assimilation…. Cette distinction entre « le fantasme d’incorporation de l’objet qui crée ou renforce un lien imaginal et le processus d’introjection des pulsions qui met fin à la dépendance objectale » (Abraham, Torok, op. cit., p. 207) entre en résonance théorique avec les couples incorporation-excorporation (destructeur de l’objet) et introjection/projection (conservateur de l’objet).