Pourquoi le déni de la différence sexuelle (sstade génital) implique une désintrication des pulsion en direction de la violence... André Green revient à de nombreuses reprises sur la nécessité de distinguer destruction et agression. Je me limiterai à cette citation, très explicite :
IntroductionJe suggère de remplacer l’expression pulsion de mort par l’expression correspondante de pulsion de destruction, réservant celle de pulsion d’agression à la manifestation de la destruction dirigée vers l’extérieur. Autrement dit, la destruction ou la destructivité seraient à orientation interne ou externe en essayant de nommer chacune de ces orientations différemment. Laquelle des deux est la première ? Il semble raisonnable de penser que l’infléchissement de la destruction vers l’extérieur a un effet de soulagement sur les tensions internes.
1C’est dans « La disposition à la névrose obsessionnelle » (Freud, 1913i) que Freud introduit la notion d’organisation sexuelle prégénitale sadique-anale de la libido. Quelques années plus tard, Karl Abraham prolongera cette étude sur l’analité en postulant deux phases dans cette organisation prégénitale. À la lecture des travaux de Freud et d’Abraham, il apparaît que pour eux le lien entre l’érotisme anal et le sadisme présente une spécificité propre à cette phase de l’organisation de la libido. Ce lien est constaté cliniquement par Freud dès L’Homme aux rats (1955a [1907-1908]). Dans ce texte, en effet, Freud fait le rapport entre la symptomatologie de la névrose obsessionnelle et l’érotisme anal en pointant l’articulation entre l’érotisme anal, le sadisme et le voyeurisme. Certes, ces rapports sont absents de la première approche faite par Freud sur le caractère anal. En effet, dans « Caractère et érotisme anal » (1908b), où il montre les liens structuraux entre l’analité et la triade caractérielle ordre-parcimonie-obstination, Freud ne conçoit les formations réactionnelles qui sous-tendent les traits du caractère anal qu’en fonction de l’érotisme anal. Mais ce lien entre le caractère anal et le sadisme sera l’objet d’un constat clinique dans « La disposition à la névrose obsessionnelle ». Abraham fera le même constat clinique et s’interrogera lui aussi sur l’origine de la spécificité de ce lien entre l’érotisme anal et le sadisme. Mais ce lien, cliniquement identifié par Freud et Abraham, restera sans reprise métapsychologique satisfaisante de leur part, comme ils en feront eux-mêmes la remarque. Des auteurs contemporains (Grunberger, Bouvet) ont pris en compte cette liaison entre l’érotisme anal et le sadisme dans la notion d’introjection sadique-anale du phallus paternel, mais sans l’expliciter eux non plus théoriquement. Plus récemment, André Green a fait la même observation dans son essai sur « L’analité primaire » : « Nous avons laissé de côté le rapport du sadisme à l’analité, qui relève sans doute des trois points de vue de la métapsychologie. Ce lien n’est pas évident » (Green, 2002, p. 121).
2Je vais centrer mon travail sur ce point théorique. Mon propos n’étant pas de faire une étude exhaustive des travaux sur l’analité, mais de tenter une argumentation susceptible d’éclairer cette question de la spécificité des rapports entre l’érotisme anal et le sadisme, je me limiterai aux textes directement en rapport avec ce questionnement. Pour mener mon argumentation, je vais élargir mon questionnement et mettre en travail les rapports entre l’érotique anale, le sadisme, la destructivité et le caractère. Dans une première partie, je vais rappeler les distinctions entre introjection, incorporation et intériorisation d’une part, et entre sadisme, agressivité et destructivité d’autre part. Il me semble, en effet, qu’une des difficultés rencontrées par Freud et Abraham dans la théorisation de ce lien entre l’érotisme anal et le sadisme réside dans la confusion souvent faite entre ces notions. Dans une deuxième partie, j’évoquerai la notion d’organisation prégénitale sadique-anale de la libido postulée par Freud et les apports de Karl Abraham, puis la notion d’analité primaire avancée par Green. Dans une troisième partie, je mets en travail la problématique des rapports de l’analité, du sadisme et de la destructivité en regard du double retournement pulsionnel. D’abord parce que « la zone érogène anale et les représentations auxquelles cette érogénéité peut se lier se prête de façon privilégiée au double retournement de la pulsion présidant à l’introjection du refoulé » (Braunschweig, 1970, p. 821), comme je vais tenter de le montrer. Mais aussi pour prolonger une question de Freud selon laquelle sa difficulté à théoriser le lien spécifique entre l’analité et le sadisme était due au fait que « la présentation d’une organisation prégénitale (sadique anale) de la libido était incomplète car elle ne prenait pas en considération le comportement d’autres pulsions partielles – qui mériterait plus d’une fois qu’on l’étudie et le mentionne » (Freud, 1913i, p. 196). On peut faire l’hypothèse que son modèle du double retournement pulsionnel avancé dans « Pulsions et destins des pulsions » (Freud, 1915c) répond implicitement à cette exigence.
06/06 18:51 - GoldoBlack
@Joséphine Trop subtil, donc, pour toi aussi ! (étonnant ? Non !)
05/06 12:19 - Francis, agnotologue
@Luc-Laurent Salvador J’ai écrit : Vous ne vous en sortirez pas avec des insultes ou (...)
05/06 09:54 - Luc-Laurent Salvador
@Francis, agnotologue Je crois que nous sommes arrivés au bout de notre conversation. Bien le (...)
05/06 07:34 - Francis, agnotologue
@Luc-Laurent Salvador Quiproquo ou plutôt mauvais procès ? Vous déformez mon commentaire pour (...)
05/06 07:10 - Luc-Laurent Salvador
@Lynwec Aha ! Je pensais que c’était les Bretons le problème. C’est ce (...)
05/06 05:34 - Luc-Laurent Salvador
@Francis, agnotologue Je remets ma phrase dans l’ordre pour que vous compreniez bien : (...)
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