Pendant que l’on aborde les missiles et leurs utilisations .
Le EXOCET
4 mai 1982. Ce jour-là, le destroyer britannique HSM Sheffield, alors
engagé par la Royal Navy dans la reconquête des îles
Falklands/Malouines, envahies quelques jours plus tôt par l’Argentine,
est touché par un missile anti-navire AM-39 Exocet, tirés par une
patrouille de deux Super Etendard, un avion de chasse embarqué commandé à
14 exemplaires par Buenos Aires auprès de la France en 1979. Le
bâtiment est alors gravement endommagé, au point qu’il coulera 6 jours
plus tard. Au cours de cette attaque, 20 marins ont trouvé la mort et 24
autres ont été blessés.
Cependant, en avril de la même année, et après le coup de force des
troupes du dictateur argentin, le général Galtieri, le président
François Mitterrand et son ministre de la Défense, Charles Hernu,
décidèrent un embargo sur la vente d’armes à destination de l’Argentine,
étant donné que, dans cette affaire, la France soutenait officiellement
le Royaume-Uni. Il s’agissait ainsi de respecter les accords qui
liaient Paris avec Londres.
Seulement, si la France a respecté ces derniers, il ressort aussi
qu’elle a pris soin aussi de tenir ses engagements vis-à-vis de son
client et d’assurer le service après-vente de des missiles Exocet et des
Super Etendard. Car si la vente d’arme était soumise à embargo, ce
dernier n’incluait pas le soutien de celles qui avaient déjà été
vendues… Oubli volontaire ou étourderie ? Quoi qu’il en soit, il est
certain que des techniciens français se trouvaient à Buenos Aires au
moment des faits. Apparemment pas pour y faire du tourisme.
Qui plus est, les pilotes argentins couleront un autre navire au
cours du conflit, en l’occurrence le cargo RO-RO Atlantic Conveyor, qui
transportait des hélicoptères et des armes pour les troupes britanniques
engagées dans la reconquête des îles Falklands/Malouines. Cette
attaque, lancée le 25 mai, fera 12 tués et provoquera la perte de la
cargaison.
Entre-temps, les Britanniques ont cherché à mettre hors d’état de
nuire les quelques Exocet qu’il restait en dotation dans l’arsenal
argentin. Et cela avec le soutien discret du Chili, Santiago ayant un
compte à régler avec Buenos Aires. Dans le même temps, embargo oblige,
l’Argentine a cherché à se procurer d’autres exemplaires du missile
français, notamment au marché noir, le tout en tentant de déjouer les
tentatives des services secrets de Sa Majesté. Apparemment sans succès.
Mais les Britanniques redoutaient tellement les Exocet qu’ils ont
même cherché à bloquer auprès de Paris une vente de ces missiles au
Pérou, ce pays soutenant à l’époque l’Argentine.
Tous les aspects de ce dossier seront abordés dans le second numéro du magazine « Etranges Affaires« ,
qui sera diffusé ce 5 juillet, par France 3, à une heure
malheureusement tardive, à 23h10. Cette émission, qui bénéficie du
concours de Patrick Pesnot, le producteur de l’indispensable
« Rendez-vous avec X » sur France Inter, se propose d’apporter des
témoignages ainsi que des documents inédits.