https://www.vududroit.com/2023/07/guerre-en-ukraine-lallemagne-veut-sa-revanche-sur-1945/
M.K.
Bhadrakumar est un ancien diplomate indien qui intervient régulièrement sur la
situation mondiale.
Il vient de produire une analyse concernant la stratégie
actuelle de l’Allemagne. Qui manifestement d’après lui essaie de prendre sa
revanche sur son écrasement par les soviétiques en 1945. La démonstration est
convaincante.
Chassez le naturel…
L’hypothèse
selon laquelle l’axe anglo-saxon est au cœur de la guerre par procuration menée
en Ukraine contre la Russie n’est que partiellement vraie. L’Allemagne est en
fait le deuxième fournisseur d’armes de l’Ukraine, après les États-Unis. Lors
du sommet de l’OTAN à Vilnius, le chancelier Olaf Scholz a promis un nouveau paquet d’armes d’une
valeur de 700 millions d’euros, comprenant des chars supplémentaires, des
munitions et des systèmes de défense aérienne Patriot, plaçant Berlin, comme il
l’a dit, à l’avant-garde du soutien militaire à l’Ukraine.
Le
ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, a souligné que “ce
faisant, nous contribuons de manière significative au renforcement de la
capacité de résistance de l’Ukraine“. Toutefois, la pantomime qui se joue
peut avoir des motifs multiples.
Fondamentalement, la motivation de
l’Allemagne est liée à la défaite écrasante de l’Armée rouge et n’a pas
grand-chose à voir avec l’Ukraine en tant que telle. La crise ukrainienne a
fourni le contexte nécessaire à l’accélération de la militarisation de l’Allemagne.
Entre-temps, les sentiments revanchards refont surface et il existe un “consensus bipartisan” entre les principaux partis centristes allemands –
CDU, SPD et Verts – à cet égard.
Dans une interview donnée
ce week-end, Roderich Kiesewetter, expert en affaires étrangères et en défense
de la CDU (un ancien colonel qui a dirigé l’Association des réservistes de la
Bundeswehr de 2011 à 2016), a suggéré que, si la situation en Ukraine le
justifie, l’OTAN devrait envisager de “couper Kaliningrad des lignes de ravitaillement
russes. Nous voyons comment Poutine réagit lorsqu’il est
sous pression“. Berlin souffre encore de la
capitulation de l’ancienne ville prussienne de Königsberg en avril 1945.
Staline a ordonné à 1,5 million de
soldats soviétiques, soutenus par plusieurs milliers de chars et d’avions,
d’attaquer les divisions de Panzer nazies profondément retranchées dans
Königsberg. La prise de la place forte de Königsberg par l’armée soviétique a
été célébrée à Moscou par une salve d’artillerie de 324 canons tirant 24 obus
chacun.