« protéger les libertés.. »
La liberté la plus fondamentale, en Amérique, reste celle du commerce et celui-ci est de plus en plus intégré au système carcéral, avec la généralisation des prisons privées et l’utilisation de la force de travail des détenus par des entreprises privées.
- Les prisons privées actuelles sont aujourd’hui le plus souvent construites dans des petites villes frappées par le chômage (par ex, dans le nord de certains états du sud). Les municipalités, à qui on fait miroiter créations d’emplois et retombées économiques liées au passage des familles visitant les détenus, acceptent en général l’aubaine sans hésiter.
Ensuite, c’est là que cela se corse... L’état paye au gestionnaire privé un certain prix par jour et par détenu, la société qui possède la prison assure, de son côté, l’entretien de la prison et les salaires du personnel. Comme un hôtel, une prison doit avoir un certain taux d’occupation pour être rentable. Il s’agira alors de fabriquer des délinquants car l’emploi local va aussi en dépendre. Le juge local - personnalité élue - s’en chargera..
- L’utilisation de la main d’oeuvre pénale par des entreprises privées à des prix défiant toute concurrence participe aussi aux effet pervers du tout-carcéral US. Son histoire est ancienne :
En 1871 la Cour suprême de Virginie qualifiait les détenus d’ “ esclaves de l’Etat ”.Jusqu’en 1935, les prisons étaient autarciques et produisaient des excédents qui étaient revendus.
Durant la dépression, syndicats et les industriels protestèrent contre cette concurrence et une loi interdit le commerce entre Etats de produits fabriqués en prison, à moins que les prisons ne reçoivent un salaire minimum. Il faudra attendre 1986 pour qu’un ancien juge appelle à transformer les prisons en “ usines clôturées ”.
Ainsi, en Californie les détenus peuvent recevoir entre 35 cents et 1 dollar de l’heure et en Oregon entre 6 et 8 dollars (1998) mais 80% sont retenus pour couvrir les frais de l’incarcération. Les entreprises utilisatrices sont Konica, Boeing et microsoft notamment (par le biais de leurs sous-traitants) ainsi que l’armée.
Le système carcéral est, au pays de l’Oncle Sam, un business comme un autre.
RAMSAY