• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Mélusine ou la Robe de Saphir.

sur La Russie n'acceptera rien de moins que la capitulation sans conditions des forces de l'occident


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 19 août 2023 13:42

C’est que Jean Parvulesco est un inconditionnel de Vladimir Poutine en qui il voit non seulement un « de Gaulle russe » (p. 255) mais aussi, « symboliquement et inconsciemment, comme une représentation sur terre du Christ Pantocrator et ses armées comme celles du « Soleil de Justice », du Sol Justitiae  » ! (p. 433) Propos exagéré assurément, mais qui a, en tout cas, le mérite de contrebalancer les outrances de la grande majorité de la caste politico-médiatique française, sinistrement obstinée à brosser de Vladimir Poutine un tableau des plus sombres. Qu’on se souvienne, et cet exemple en dit long sur la nature infrarationnelle de l’hostilité de ce milieu, des événements tragiques du théâtre de Moscou et de l’école de Beslan, à l’occasion desquels cette caste faisandée s’est acharnée sans honte sur la « brutalité » des forces de sécurité russes pourtant confrontées à une situation extrêmement difficile, en passant au second plan la responsabilité première, causale, de la sauvagerie des preneurs d’otages tchétchènes. Que l’on observe sans parti pris comment, toujours avec le même acharnement exempt de toute nuance, les plus noirs desseins se voient attribués aux efforts de restitution à la Russie de son rang naturel par Vladimir Poutine, dépeint sous les traits d’un autocrate ivre de pouvoir (6).

 Quant à l’eurasisme, ou plutôt au néo-eurasisme conceptualisé par le talentueux géopolitologue russe Alexandre Douguine – chez qui le meilleur côtoie parfois le pire (7) –, la même caste inculte et servile, réagissant selon des réflexes « pavloviens », n’a évidemment pas manqué d’y voir une nouvelle forme de « peste brune ». Mais, face au démocrato-bellicisme sur fond de « religion civile » de George Bush (8), dont le néo-messianisme fait si remarquablement pendant à l’islamo-bellicisme apocalyptique de Ben Laden qu’il est difficile de ne pas penser au couple Big Brother-Goldstein du 1984 de George Orwell, l’évidence géopolitique eurasienne, dont les racines se situent, comment pourrait-il en être autrement, en Russie (9), semble s’imposer peu à peu comme un pôle de résistance qualitative à l’américamécanisation des âmes. La Pax atlantica, déjà mise à mal par l’excellente politique étrangère pro-russe du général De Gaulle (10), n’est plus l’horizon unique des européens de l’Ouest, une autre s’offre à eux, du côté de l’Est – le « Grand Est » de Chögyam Trungpa – : la Pax eurasiana. Or, c’est précisément là que se situe l’épicentre de Vladimir Poutine et l’Eurasie ainsi que de l’ensemble de l’œuvre de Jean Parvulesco, poèmes romans et articles confondus.

Cela ne s’est pas passé comme ça !

 Quelle que soit l’opinion que l’on se fait de Vladimir Poutine, toujours est-il que le président russe ne peut manquer d’apparaître comme un homme d’État hors du commun à bien des égards. Dans La mystérieuse ascension de Vladimir Poutine, Jean Lorrain le remarque fort pertinemment : « La personnalité de cet homme à l’allure empruntée, au physique terne et à l’apparence réservée de fonctionnaire sans envergure contraste tellement avec son ascension météorique jusqu’au sommet du pouvoir, qu’il est difficile de ne pas concevoir le soupçon d’un grand mystère, immédiatement corroboré par son sulfureux passé d’agent secret  » (cit. p. 221). Il faut par exemple se souvenir qu’avant d’être élu Président de la République de Russie, Vladimir Poutine avait été mis en selle par le pitoyable clan Eltsine allié à une oligarchie d’affairistes sans scrupules occupée à livrer la Russie et le peuple russe à la « Suprasociété globale » pétrolo-financière dénoncée par Alexandre Zinoviev (11), pensant faire de lui un instrument des plus dociles. Mais « cela ne s’est pas passé « comme ça » » (12). L’ex officier du KGB (13) mata les oligarques. Rénovateur, sans se détourner de l’Est, de la politique réaliste d’ouverture à l’Ouest inaugurée par Pierre le Grand, le petersbourgeois Vladimir Poutine, « premier, depuis Nicolas II, à s’avouer profondément chrétien et à souhaiter que l’orthodoxie joue un rôle important dans la société » (14), né sous le signe de la Balance (signe particulièrement favorable pour un homme politique appelé à diriger un pays dont le blason représente une Aigle à deux têtes, l’une tournée vers l’Occident, l’autre vers l’Orient), oui, l’« homme à l’allure empruntée » se révéla un véritable homme d’État, un patriote soucieux de redresser, après des décennies de malheur, un pays qui n’est pas n’importe quel pays mais la première puissance continentale, née en 988 par la grâce du baptême du prince Vladimir dans les eaux du Dniepr.

Jean Parvulesco, témoin de l’Orient du Nord

 Malgré ses grands mérites, la vérité nous oblige cependant à dire que l’œuvre stimulante de Jean Parvulesco souffre à nos yeux d’importants défauts : irrationalité élevée au rang de dogme, goût de l’obscur, admiration pour des personnages ou des événements douteux, « tantrisme » catholique pour le moins problématique. En ce qui concerne plus particulièrement Vladimir Poutine et l’Eurasie, notre réserve porte surtout – en dehors de désaccords relativement mineurs d’ordre strictement géopolitique – sur la propension de l’auteur à prendre ses désirs pour des réalités, accompagnée d’affirmations invérifiables. Cela s’explique sans doute par le fait que Jean Parvulesco est aussi, et peut être avant tout, poète, comme son écriture l’atteste (15). Or, si « la poésie est poursuite passionnée du réel » ainsi qu’aimait le proclamer Oscar Milosz à la face de ceux qui, hier comme aujourd’hui, la confondaient avec un onirisme plus ou moins trafiqué, elle n’en reste pas moins sollicitée par l’ « adéquation personnelle » de celui en qui elle s’incarne. Au lecteur, donc, de séparer le bon grain de l’ivraie.

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès