On ne peut pas le reconnaître, l’action terroriste majeure de l’Al-Qaida à New York, le 11 septembre dernier, a complètement changé la face actuelle de l’histoire mondiale, et pas seulement en surface. Ainsi, la nouvelle conjoncture politico-stratégique planétaire d’ensemble, tout en continuant d’entretenir, dans son sein, l’opposition de plus en plus active de deux situations géopolitiques fondamentalement antagonistes — à savoir, l’opposition de la conspiration mondialiste des États-Unis, et de l’unité actuellement en cours d’émergence de l’intégration impériale grande-continentale eurasiatique — se trouve-t-elle en même temps amenée à subir, à l’heure présente, la dangereuse sollicitation d’une obligation de convergence prétendant mobiliser, en un front commun contre-stratégique appelé à barrer le chemin au terrorisme islamique, les deux antagonismes géopolitiques fondamentaux se faisant face au niveau planétaire, mais neutralisés.
Ce qui induit un porte-à-faux terminal, ambigu et catastrophique, à l’intérieur de l’histoire mondiale en cours. Un dispositif de crise avancée. De tout cela, il serait, je crois, important que l’on en parle. Désormais, tout en dépend.
Une existence doctrinale et dialectique
Il n’empêche que, si le bloc établi et politiquement suractivé de la conspiration mondialiste des États-Unis fait face, en s’y opposant, à couvert, au bloc de l’espace grand-continental eurasiatique, à “l’Île Eurasiatique”, celui-ci, pour le moment, n’a d’existence effective que sur le seul plan doctrinal de la géopolitique révolutionnaire qui, tout en étant née, et en se développant déjà, se montre bien loin encore de pouvoir se prévaloir d’une puissance de mobilisation, d’une puissance en action réellement présente sur la ligne de front suivant ses propres disponibilités finales, comme c’est bien le cas, à l’heure présente, pour le bloc mondialiste. Si la conspiration mondialiste se pose en termes de pouvoir politique, l’unité impériale eurasiatique lui faisant face ne saurait se définir, pour le moment, qu’en termes de pouvoir doctrinal, n’ayant d’existence que dialectique.