@Gollum.
Non le fanatisme est arrivé avec Akhenaton et sa réforme. Si le fond est monothéiste la forme est polythéiste, comme en Inde du reste..
Une fois n’est pas coutume, j’ai lu en vitesse votre lien en ne retenant que les mots affreux.
Donc vous en avez parlé en mal sans savoir dans le fond.. Bon c’est bien de le reconnaitre.. Je vous absous mon fils.. Me réciterez quand même un Pater et trois Ave Maria..
Vous n’êtes pas fair play : on peut traiter d’un auteur sans l’avoir dévoré (c’est le verbe que j’ai employé) ; par contre je l’ai dévoré (il me reste deux ou trois miettes) parce qu’il assouvissait, en effet, un besoin « archéologique »
d’élévation métaphysique intello/spirituelle chez moi. Ce qui ne m’a pas empêché d’en éprouver régulièrement des démangeaisons, par exemple au sujet de la psychologie. Autre exemple : selon Guénon, la répétition à l’identique (au hasard, l’Eternel Retour nietzschéen...) limiterait la Possibilité : on a donc affaire à quelqu’un (Guénon) qui n’endure métaphysiquement pas la limite... tout en en posant à son tour (l’impossibilité de la répétition à l’identique, précisément de l’Eternel Retour nietzschéen). C’est pour le moins paradoxal, et pour le plus : oxymoral. Or ici la non-dualité n’est d’aucun secours en termes d’intelligibilité, mais dans le texte Guénon prétend que c’est évident. Je dois donc être limité, haha... Ou plutôt, le mathématicien Guénon, en sa méta-mathématique, veut que l’Infini grand I, ne contienne pas la répétition pure, ce qui est une manière de le limiter quand même, d’autant plus qu’en son infinité, si l’on peut dire, il a tout l’espace-temps, et même tous les espaces-temps/tous les Être/tous les mondes, pour laisser sa place à la répétition pure : ça ne saurait prendre sur lui-même, j’ai envie de dire que c’est impossible. Où c’est drôle alors, comme on ne sort pas de cette dialectique de la possibilité et de l’impossibilité, et la dépasser dans la non-dualité, c’est donner libre cours à la répétition pure néanmoins, ce dépassement en touchant une sans faire bouger l’autre de cette éventualité purement répétitive.
Non [Guénon ne rabat pas tout à l’hindouisme pour le pire]. Simplement c’est là que les choses sont dites de la façon la plus claire. Mais il fait l’éloge du Taoïsme et en fait de beaucoup d’autres choses..
Vous prêchez un convaincu, puisque je l’ai dévoré. Mais vous me faîtes dire ce que je ne dis pas : que Guénon méconnaîtrait d’autres cultures. Au contraire, il rend nécessaire la participation exotérique (dans telle culture) comme première marche indéniable et indispensable de toute progression ésotérique. En gros, il nous dit que ce n’est pas en le lisant, qu’on sera initié, et pourtant sa lecture élève et il dit que d’aucuns, exceptionnels entre le commun des mortels, parviennent à se laisser insuffler ce qu’il faut pour retrouver le sens primotraditionnel voire initier (ce qui reste la porte ouverte à toutes les dérives, bien qu’il surligne l’exceptionnalité du phénomène). Mais c’est justement que tout recouperait « l’archéologie » hindoue, qui est dubitable, ne faîtes pas semblant de ne pas avoir compris. D’où que, je répète, les guénoniens n’aient aucun sens culturel, ce n’est pas juste mon opinion mais un fait, et pour cela je ne renierai pas mon premier article, encore que devenu indisponible en dehors des webarchives : je dis que s’il y a bien un niveau métaphysique intello/spirituel « guénonien » dans l’absolu, ce niveau ne recoupe pas nécessairement l’archéologie hindoue, sans que cela n’affecte sa qualité traditionnelle. Il n’y a pas de « tradition primordiale », en somme.
Le gros défaut de Guénon c’est de diaboliser à outrance la science moderne, il manque d’esprit dialectique.. un peu manichéen en un sens..
Je ne vous le fais pas dire, après ce que je viens de dire sur la dialectique et son monolithisme (son primotraditionnalisme). Il a beau se défendre des traditionnalistes, en les taxant de crispés sur de « misérables us & coutumes » (il n’est pas loin de déprécier les choses ainsi, encore qu’il stipule bien qu’un exotérisme culturel est l’entrée inévitable vers l’ésotérisme primotraditionnel)... il n’en reste pas moins que sa grille de lecture est primotraditionnaliste, et que c’est à cause de cette grille de lecture que nombre d’anthropologues et de philosophes interculturels le critiquent et taclent (au meilleur sens du terme philosophe, que Guénon se prête tant à conchier, notamment dans la modernité, alors qu’il est lui-même finalement cartésien dans son comparatisme symbologique, à recréer une forme de sujet transcendantal néo-kantien, et même un empirisme transcendantal proto-deleuzien). En d’autres termes, « mon Dieu, qu’il est Français »...
Mouais pas d’accord non plus.. Pour moi le symbolisme sert à aller au-delà..
Je n’ai pas dit le contraire, et c’est bien ce que réaffirme sans cesse Guénon, ce qui n’empêche aucun anthropocentrisme. M’est d’avis que le « surrationalisme » (comme dirait Bachelard) des sciences modernes font d’excellents symboles, dans leur genre, aussi.
M’étonnerait bien que Guénon fut déstabilisé par une telle formule [que « Rien ne dure, sinon le Devenir »]. Elle est non seulement héraclitéenne mais typiquement bouddhiste.
Peut-être, mais Guénon s’oppose pourtant à toute forme d’héraclitéisme pour non-(primo)traditionnel. Pas étonnant qu’avant qu’Ananda Coomaraswamy lui fasse changer d’avis sur le bouddhisme, il le rejeta pour non-(primo)traditionnel. Mais on voit bien aussi qu’on peut se laisser convaincre par des arguments, de la (primo)traditionnalité ou non d’une culture. C’est assez ridicule, et je répéterai purement avec vous que Guénon est un peu manichéen en un sens..