Cadeau : En somme, on a du mal à discerner dans la communication d’Emmanuel Macron une direction ou une logique, comme si celle-ci n’était pas pensée mais essentiellement opportuniste. Son manque de cohérence souligne l’une des difficultés fondamentales de la communication politique. Celle-ci implique à la fois d’incarner une entité abstraite (le président représente la nation) mais aussi d’être à l’image des citoyens (le président est le miroir de son peuple). Cette tension n’est pas nouvelle dans la Cinquième République mais, peut-être plus que ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a du mal à ajuster ces deux figures, celle du président jupitérien et celle du président proche des Français, livrant ainsi son incapacité à être l’un et l’autre « en même temps ». Que ce soit dans son langage textuel, visuel ou communicationnel, Emmanuel Macron juxtapose les registres, mêlant l’officiel à l’intime, jouant successivement d’un vocabulaire conceptuel, entrepreneurial, canaille ou donneur de leçons, alternant postures incarnatives (revendiquant les héritages) et disruptives (cassant les codes). Ne serait-ce pas un des effets induits du quinquennat et de l’alignement du calendrier électoral (scrutin présidentiel suivi des législatives) que d’avoir mis en tension deux dimensions : la fonction présidentielle qui impose hauteur de vue et distance et la fonction exécutive qui suppose engagement quotidien et proximité ? Depuis l’instauration du quinquennat, chaque président s’est efforcé de résoudre cette tension à sa manière : Nicolas Sarkozy dans l’hyperprésidence, François Hollande dans la « normalisation ». Emmanuel Macron, en tentant de joindre l’un à l’autre, a pris le risque d’un « en même temps » qui pourrait se révéler plus contradictoire que complémentaire.