Je suis plus composite que vous, concernant le patriarcat comme caractère spécifiquement monothéiste. De fait, c’était et c’est encore très répandu dans toute l’histoire humaine.
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Il y a une pensé archétypale qui veut que la femme ait pouvoir sur l’intérieur : la maison, les enfants, la cuisine, bref tout le domestique et que l’homme ait pouvoir sur l’extérieur : aller chercher à manger, les matériaux nécessaires à la maison et protéger contre l’envahisseur. La consonne douce et mouillée « m » est pour la mère et la main : maman, miam, mamelle , maison, meubles, demeure, aménager... La consonne sèche et heurtante « p » est pour le père avec le pied qui porte le poids et ses pas pour rapporter les nécessités à la maison.
Reste que dès qu’il y a tribu où société, le pouvoir est aux hommes (ça change, mais c’est récent, et c’est fragile, si on laisse s’installer l’islam).
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C’est quand même le christianisme qui a imposé le consentement mutuel avec la phrase « voulez-vous pour époux/épouse... », renforcé par le Tametsi promulgué au concile de Trente : le consentement des parents n’est plus obligatoire, mais la présence de témoins l’est, comme garants de la libre volonté au mariage des époux. Cela coupé (atténué...) les pratiques de rapts et celles de mariages arrangés. C’est sans doute le premier droit venu à l’égalité civile des sexes en société.
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Mais c’est ailleurs que le monothéisme a introduit le problème.
Puisque la nouvelle religion a réduit à un seul dieu, il fallait bien lui choisir un sexe, même symboliquement. C’est celui masculin qui a été retenu, avec son attribut de pouvoir nécessaire au maintient de la société, par Yahvé sur le peuple juif choisi.
Et c’est là que c’est devenu n’importe quoi : c’est un masculin qui a créé Eve, en plus en prenant une côte sur un homme, qu’il a aussi créé. La sexualité a été niée, effacée, alors qu’elle fait partie de la vie dans les autres religions. L’homme et la femme sont créateurs ensemble, à partir du sexe, justement premier principe créateur, avec son plaisir, de la famille et de leurs conditions pour vivre. Adam et Eve ne sont créateurs de rien dans l’Eden pré-construit, idiots et passifs au point d’être trompés par un serpent et à ne pas connaître les interdits, les codes de la vie. Ça a recommencé avec Marie et un bébé divin né de façon stérile.
Or c’est la femme qui crée la matière, y compris vivante, la fertilité : toutes les religions hors monothéisme ont une Terre Mère. C’est tout le principe féminin de la matière, du vivant, du monde qui a été évacué par le monothéisme.
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Les effets à long terme là-dessus ont été désastreux : l’installation du tabou du sexe pour attribuer la toute puissance créatrice au dieu unique masculin. Les religions servent à comprendre l’ordre du monde, y compris matériel, charnel, pour y prendre place intelligemment. Les humains du monothéisme sont devenus faits à l’image de dieu et la matière est devenue éteinte. Le monde chosifié est devenu pleine possession des humains « Remplissez la Terre, soumettez-là. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre ».
Plus tard, c’est cette pensée stérilisée a fait le lit du matérialisme. La matière est une pâte à modeler, même vivante qu’on peut tripoter, même le sexe maintenant, qu’on peut changer selon des pensées dématérialisées, se raccrochant à des fantasmes.