Le PE/MR se distingue radicalement de la philosophie de Zénon en mettant en lumière un point crucial : les divisions mentionnées par Zénon n’existent pas.

Prenons un œuf lâché du 6ème étage comme exemple : il doit passer par le 3ème étage, un passage obligé, soulignant le caractère inévitable du passage par la zone médiane. Cette zone est une réalité purement physique dont l’existence est indépendante d’une division quelconque.

Le terme « dichotomie » suggère à tort une division mentale plutôt volontaire et même imaginaire plutôt qu’une réalité purement physique. Puisque il n’y a effectivement aucunes divisions, beaucoup de penseurs ont pensé résoudre le paradoxe en faisant à juste raison remarquer que ces divisions n’étaient que mentales. Le mot « divisions » a donc induit des générations de penseurs en erreur, Aristote le premier, qui croyait résoudre le problème en démontrant que ces divisions n’existaient pas.

Le PE/MR tient à préciser que le mouvement est continu et qu’il n’y a aucune division, sans quoi le parcours serait rompu en plusieurs parties, ce qui n’est absolument pas le cas dans la réalité.

Des moitiés restantes, non des divisions

Lorsque le PE/MR parle de moitiés restantes, il évoque des lieux physiques et non des divisions. L’œuf doit les traverser, sans quoi le mouvement serait tout aussi impossible qu’un mouvement ne peut se réaliser sans son départ et sa fin. Il n’y a aucune division ici, que des passages obligés.

Là où Zénon concluait que le mouvement était impossible, le PE/MR ne nie pas que l’œuf est au sol ; il le constate aussi bien qu’il reconnaît les moitiés restantes. Il pose la question de comment le mouvement est possible plutôt que de prendre le parti pris de nier le mouvement, comme le faisait Zénon.

Si le postulat du PE/MR est que, pour parcourir une distance, un mobile doit traverser la zone médiane entre son point de départ et sa fin, il reconnaît que l’arrivée au sol de l’œuf est un paradoxe incompréhensible qui demande une explication physique, nécessitant une réponse scientifique plutôt que philosophique pour résoudre le paradoxe.

Zénon concluait que le mouvement était impossible, tandis que le PE/MR, évitant toute affirmation catégorique, interroge sur le pourquoi et le comment de l’arrivée de l’œuf au sol. Sa démarche vise à favoriser une explication scientifique et à faire progresser la connaissance, s’éloignant ainsi du déni de la réalité observée du mouvement tel que le faisait Zénon.