Merci de votre développement riche d’informations, je me suis régalé. Long développement pour les fêtes, d’ailleurs : il faut trouver le temps de tout lire...
De mon regard, je vois que les variations de la trinité, avec le temps ne se sont faits qu’avec des dieux ouraniens. Normal, l’Iran, comme la région du M.O. est sec, cailloux et poussière, sous le grand ciel fixe qui présente sa toile vide où projeter ses interrogations, concepts, réflexions métaphysiques et son Soleil souverain. Alors on s’interroge sur le Créateur, ses lois d’airains, le Bien, le Mal, l’Absolu, le Fixe, la Pureté, le papa.
En régions occidentales et tropicales, ce sont des forêts et végétations touffues qui crééent la vie. Ce sont donc les oeuvres que l’on contemple, créations, compositions, le Mouvement. Ce sont les divinités chtoniennes, les Terre-Mère, Demeter et ses variantes.
Les panthéons Grec et Sumérien, mélangent les divinités ouraniennes et chtoniennes. Et les notions de Bien et Mal sont compliquées entre ces dieux qui se trahissent facilement, complotent, voire s’entretuent. L’eau féminine Tiamat a son pendant masculin Apsu, qui ont créé Anu, géniteur de toute la dynastie divine Anunnaki. Mais pour que cette dynastie fasse son monde et ses oeuvres, il a fallu que le roi Marduk tue Tiamat. Le meurtre est la difficulté générationnelle, qui doit prendre place dans un monde créé par et pour des générations précédentes.
Enlil était un très bon gestionnaire de son domaine, un bon despote qui a valorisé le patrimoine pour son clan, sa dynastie. Enki était le turbulant dans cette caste, le chiant.... Mais il était le bienfaiteur des laboratores qui subissait le despotisme des Annunaki, les Igigi, puis les humains. On n’est pas dans l’Absolu, la Pureté, mais le relatif, des mondes dans des mondes.
Idem chez les Grecs : les 4 âges de la Terre : fertilité violente et chaotique entre Ouranos et Gaïa, puis les Titans et Titanides, des brutes mal dégrossies, mais de taille et force capables de soutenir des violences telluriques encore présentes, puis les dieux et les héros, premiers humains. Avec les trahisons nécessaires pour que la nouvelle génération de créatures puissent faire sa place et des créations, mais sans tout détruire non plus. Sachant que l’Age d’Or ne peut pas durer non plus, Hésiode l’a raconté avec sa Théogonie. Bref, ce sont des enseignement de vie, plutôt que la réification du Bien et du Mal.
Pour reprendre Gollum, la Trimurti me semble une clé bien plus parlante et fertile à la pensée pour comprendre. Avec Shiva en arrière fond, en monde de derrière et son lingam qui tape, la pulsation du monde et le yoni de Shakti, les vibrations de qui crééent les émotions, formes, mondes, dont les couronnes du mandala en sont l’écho.
Les physiciens, eux, font peut-être aussi, consciemment ou pas, leur trinité : un univers fait de matière (tangible), d’énergie (ondes, vibrations, fréquences -voir Tesla-) et comme troisième élément, l’information (la condensation, le système, l’organique, avec le ressenti, la conscience). A rapprocher peut-être des travaux de Lupasco (que je n’ai toujours pas lu) ?
Bon, je ne suis pas théiste, c’est mon regard : le Créateur, le Fixe, l’Absolu, ça me semble hémiplégique pour penser et source de tous les fanatismes qui finissent par rejeter la vie écrasée par des carcans conceptuels et idéologiques. Avec son Despote et sa caste qui impose ses lois et son monde (c’est en cours aujourd’hui), au lieu de jouer avec celles de la nature et de son Cosmos, en holistique.
Bien sur que la bienveillance repousse la malveillance, et c’est ce qu’il faut, mais le couple masculin/féminin sont les éléments disponibles, fertiles, créateurs, réels, plutôt que la réification du concept Bien/Mal d’origine monothéiste, avec son Gardien, toujours masculin...