Contrairement aux fanatiques sévissant à présent en Phalestine, David Grün, alis Ben Gourion, ne se faisait pas d’illusion.
En 1976, dans « Le Paradoxe juif »1,
Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial, rend compte d’une
conversation avec le fondateur de l’État d’Israël :
Extrait :
[. . .] « Je ne comprends pas ton optimisme », me déclara Ben Gourion. « Pourquoi
les Arabes feraient-ils la paix ? Si j’étais, moi, un leader arabe,
jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur
pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les
intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires
d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela
les concerne-t-il ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler,
Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous
sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils ?
Ils oublieront peut-être dans une ou deux générations, mais, pour
l’instant, il n’y a aucune chance. Alors, c’est simple : nous devons
rester forts, avoir une armée puissante. Toute la politique est là.
Autrement, les Arabes nous détruiront ».
J’étais bouleversé par ce pessimisme, mais il poursuivit : « J’aurai
bientôt soixante-dix ans. Eh bien, Nahum, me demanderais-tu si je
mourrai et si je serai enterré dans un État juif que je te répondrais
oui : dans dix ans, dans quinze ans, je crois qu’il y aura encore un
État juif. Mais si tu me demandes si mon fils Amos, qui aura cinquante
ans à la fin de l’année, a des chances de mourir et d’être enterré dans
un État juif, je te répondrais : cinquante pour cent ».
Mais enfin, l’interrompis-je, comment peux-tu dormir avec l’idée
d’une telle perspective tout en étant Premier ministre d’Israël ? « Qui te dit que je dors ? » répondit-il simplement. [. . .]
Or l’armée forte et puissante a vécu, car l’éternité est exclusivement d’essence divine. . .