Article
astucieux avec des remarques très justes.
Mais
le balancier est allé un peu trop loin dans l’appui à une thèse paradoxale (les
USA seraient satisfaits de « perdre » en Ukraine).
Le
commerce des armes est crucial pour les USA. Une défaite en Ukraine ferait
mauvais effet, même s’il s’agit d’armes obsolètes.
Les
Chinois suivent avec attention ce qui se passe en Ukraine, en pensant à Taiwan.
De ce point de vue, une « défaite » en Ukraine, ce n’est pas bon pour
les USA.
La
déception des USA quant à l’application des sanctions par le sud global fait
contre poids à l’alignement de l’Europe.
Gaza
n’était pas prévu. Mais la comparaison de l’attitude américaine vis-à-vis des deux conflits en cours ne
profite pas à l’autorité morale de l’Occident, bien au contraire (la morale, ne
serait-ce qu’en termes de cohérence, ça compte quand même pour l’image d’une
grande puissance).
Le
déclin relatif des USA est inévitable, mais cette guerre d’Ukraine a accéléré
le processus (E.Todd).
Le
long terme éclairera la question de savoir si les USA ont fait un bon calcul. Il
n’est pas évident que l’Allemagne ne réagisse pas, d’une façon ou d’une autre,
après s’être rendu compte qu’elle s’est faite avoir par les USA avec NSII (au
contraire de la guerre de Yougoslavie qui fut pour elle tout bénef).
Jacques
Baud dit un peu la même chose que l’auteur, à savoir que les Ukrainiens se sont
fait avoir par les Occidentaux qui ont interdit par trois fois les négociations,
pour faire durer la guerre tout en sachant que l’Ukraine ne pouvait pas la
gagner. Avec l’idée d’affaiblir la Russie plus que l’Europe, il est vrai. Le
discours de Baud est surtout de critiquer la faiblesse du renseignement (son ex
métier) en Europe, ce en quoi il n’a pas tort, rejoignant l’article sur le
bilan négatif pour l’Europe.
En
prenant beaucoup de recul, ça me paraît beaucoup trop tôt pour dire quels
seront les gagnants/perdants de cette guerre d’Ukraine dans 15 ans. Il peut se
passer plein de choses inattendues.
Que
les USA aient cherché à arrimer l’Ukraine à l’OTAN et le régime de Kiev à l’UE
(Maïdan), c’est plus que probable. En cas de succès, l’allié européen, l’UE,
serait devenu un peu plus puissant : ça contredit l’article. Que les USA aient
calculé un plan B pour le cas où la Russie réagirait brutalement, c’est tout
aussi probable, donnant cette fois raison à l’article en affaiblissant l’Europe.
Pas simple.