@microf
Suite 3 á @Zoe
La Guinée n’est pas seulement cette entité géographique que les hasards
de l’Histoire ont délimitée suivant les données de sa colonisation par
la France, c’est aussi une part vive de l’Afrique, un morceau de ce
continent qui palpite, sent, agit et pense à la mesure de son destin
singulier. Mais aussi vaste que soit notre ère d’investigation, aussi
étendu que soit notre champ d’action, cela est insuffisant en regard de
nos propres exgences d’évolution. Pour y répondre, nous devrons engager
non seulement l’ensemble de nos potentialités propres, mais encore tout
ce qui constitue les biens et les connaissances universels, lesquels
chaque jour se développent et s’accroissent de manière inappréciable.
A
travers le désordre moral dû au fait colonial et à travers les
contradictions profondes qui divisent le monde, nous devons taire les
pensées idéales afin de serrer au plus près les possibilités réelles,
les moyens efficaces et imrnédiatement utilisables ; nous devons nous
préoccuper des conditions exactes de nos populations afin de leur
apporter les éléments d’une indispensable évolution, sans laquelle le
mieux-être qu’elles prétendent légitimement obtenir ne pourrait être
créé. Si nous ne nous employions pas à cette tâche, nous n’aurions
aucune raison de vouloir remplir les fonctions dont nous avons la
charge, aucun droit à la confiance de nos populations. C’est parce que
nous nous interdisons de confisquer à notre profit la souveraineté des
populations guinéennes, que nous devons vous dire sans détour, Monsieur
le Président du Conseil, les exigences de ces populations pour qu’avec
elles, soient recherchées les voies les meilleures de leur Emancipation
totale.
Le privilège d’un peuple pauvre est que le risque que
courent ses entreprises est mince, et les dangers qu’il encourt sont
moindres. Le pauvre ne peut prétendre qu’à s’enrichir et rien n’est plus
naturel que de vouloir effacer toutes les inégalités et toutes les
injustices.
Ce besoin d’égalité et de justice nous le portons
d’autant plus profondément en nous, que nous avons été plus durement
soumis à l’injustice et à l’inégalité. L’analyse logique et une
connaissance de plus en plus grande de nos valeurs particulières, de nos
moyens potentiels, de nos possibilités réelles nous laissent cependant
exempts de tout complexe et de toute crainte : nous sommes uniquement
préoccupés de notre avenir et soucieux du bonheur de notre peuple. Ce
bonheur peut revêtir des aspects multiples et des caractéristiques
diverses selon la nature de nos aspirations, de nos désirs, selon notre
état propre ; il peut être aussi bien une chose unique qu’un faisceau de
mille choses, toutes également indispensables à sa réalisaton.
Nous
avons, quant à nous, un premier et indispensable besoin, celui de notre
Dignité. Or, il n’y a pas de Dignité sans Liberté, car tout
assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégrade celui sur
qui elle pèse, lui retire une part de sa qualité d’Homme et en fait
arbitrairement un être inférieur.