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Commentaire de Aristide

sur Au bon vieux temps du juke-box et du flipper


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Aristide Aristide 16 février 2024 11:02

Pour moi, c’était le Bar le Milan, un troquet du centre commercial qui venait de se créer dans une banlieue populaire de Toulouse. 

Je retrouve bien notre adolescence avec le flipper, le jukebox et le babyfoot agrémentés de diabolo menthe, de Rolling Stones, de Salut les Copains et de lendemain de « Âge tendre et tête de bois »…

Le patron du troquet était un Aveyronnais qui avait quitté sa campagne pour une vie en ville comme disait Jean Ferrat. Son sens des affaires l’avait poussé à organiser son bar. Même si nous étions assez dociles, notre musique de sauvage, le bruit des balles de babyfoot ou les « clacs » des flippers pouvaient déplaire à d’autres clients. 

Berlin lui avait donné une idée, il s’agissait d’isoler cette jeunesse. La salle du fond, peu lumineuse, nous était réservée. Sans qu’il ait eu besoin de construire un mur ni nous demander de s’exiler. La seule présence des sources de désagrément qu’etaient ces machines infernales nous aimantait à ce réduit pour la jeunesse.

Certains, dont je fus, se posaient la question de savoir ce qui se passait de l’autre côté de cette frontière virtuelle. Quelle fut ma surprise de constater que notre patron aveyronnais avait organisé la même chose pour une autre clientèle. Les « vieux ». 

Il avait installé les lieux près du comptoir, il fallait bien limiter les déplacements pour l’approvisionnement de cette clientèle férue d’autres breuvages plus rentables que le diabolo. La télévision qui passerait en couleurs en 1967 avait une place de choix, visible de tous les recoins. Le défi était de faire une place de roi aux « manilleurs » et « beloteurs » qui restaient des heures entières et contribuaient assez grassement au chiffre d’affaires. Pour les satisfaire, il avait installé des petites tables carrées qui servaient d’arène à des débats qui n’étaient pas toujours ludiques. 

J’ai un souvenir particulier de tous ces démêlés politiques. Par un hasard, enfin je crois, deux joueurs partageaient la même tablée, pas dans la même équipe. L’un défendait bec et ongles le Général De Gaulle, l’autre était un espagnol chassé de son pays par Franco qui ne cessait de menacer de quitter la table si cela continuait.

C’était épique, c’est peut-être à cette occasion que j’ai pris le gout de l’opposition franche, de la castagne comme on dit à Toulouse… 


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