https://disclose.ngo/fr/article/immigration-en-europe-la-france-a-la-manoeuvre-pour-autoriser-la-retention-des-enfants-des-le-plus-jeune-age
À
Bruxelles, le gouvernement français a œuvré dans le plus grand secret
pour obtenir l’autorisation d’enfermer des mineurs exilés, sans limite
d’âge, dans des centres construits aux frontières de l’Europe. Cette
disposition inscrite dans le Pacte sur la migration et l’asile, qui sera
voté au printemps par le Parlement européen, pourrait violer la
Convention internationale des droits de l’enfant.
« Il n’y aura plus de mineurs dans les centres de rétention administrative ».
C’est un Gérald Darmanin combatif qui s’exprime devant la commission
des lois de l’Assemblée nationale, ce 21 novembre 2023. Accusé de
souscrire à toutes les demandes de la droite pour durcir la loi
immigration, le ministre de l’intérieur veut donner des gages à l’autre
camp, vantant cette « belle idée de gauche ». Voté un mois plus
tard, le texte interdit effectivement la rétention des enfants migrants
sur le sol français. Mais Gérald Darmanin a dissimulé une information
capitale : depuis plus de six mois, son gouvernement s’applique à faire
pression sur ses partenaires européens pour légaliser l’enfermement des
mineurs exilés… aux frontières de l’Europe, comme le révèlent des
documents confidentiels obtenus par Disclose et Investigate Europe.
Ces
documents, une centaine de pages, conservent la trace des échanges sur
le futur Pacte européen sur la migration et l’asile, qui se sont tenus
entre mai et décembre 2023 au sein du Coreper. Autrement dit, le comité
des représentants permanents des 27 Etats membres auprès de l’Union
européenne (UE), chargé de négocier les futures lois européennes, dont
le fameux Pacte. Présenté comme un outil censé harmoniser et renforcer
le contrôle aux frontières de l’Union européenne, ledit Pacte est
composé de cinq règlements. Ce qui signifie qu’une fois entrés en
vigueur, ils seront directement applicables dans les États membres.