Ghosn était
un industriel de grande classe, un Français qui a réalisé des prouesses au plan
international. Ils sont peu nombreux dans son cas.
Il a sans
doute voulu qu’on le reconnaisse au moins l’égal des patrons de GM et de Ford
(il le méritait), l’indice de reconnaissance étant le paquet d’argent touché en
fin d’année, comme pour les grands sportifs mondiaux (ils appellent ça
« compensation »). Ghosn ne gagnait que la moitié ou le tiers des
grands patrons américains (10 millions/an contre 30). Il a sans doute commis
des fautes pour compenser cette « injustice ». Il n’a pas non plus vu
venir l’attaque du Japon, avec possiblement l’aide de la CIA, visant à éjecter
« l’intrus, l’étranger » : un manque de lucidité de sa part.
La France ne
l’a pas soutenu dans son affaire au Japon. Ghosn n’a jamais voulu faire partie
de notre caste du capitalisme de connivence à la française. Il s’est opposé à
Macron quand ce dernier a fait du mal à l’Alliance Renault-Nissan. Il l’a payé
cher.
Pourquoi
revenir à Ghosn avec l’affaire Fillon ? Parce qu’on peut tracer un
parallèle entre ces deux gâchis pour la France : un acteur politique français
de haut niveau, François Fillon, a été éjecté par une cabale hautement
politique du clan pro-américain tendance néo-conservateur US (centré sur l’aile
droite du PS, aujourd’hui tendance Glücksman), en utilisant une faiblesse du
personnage.
Dans les deux
cas, la main de la CIA n’est pas loin. Pour affaiblir un groupe automobile
concurrent de GM et Ford en y semant la zizanie (le groupe VW a de son côté subi
aux USA une attaque d’une très grande violence, à coups d’amendes de dizaines de
milliards). Pour éliminer un candidat à la présidence en France, candidat
insuffisamment pro-américain, voire soupçonné de faiblesses face à la Russie. Le
bras de la CIA est long, très long.
Dans les
deux cas, la France y a perdu des plumes, perdant un industriel de classe
internationale (Obama lui aurait proposé la direction de GM) et un politicien de qualité, a priori loyal à son pays. Avec la guerre d’Ukraine,
assez largement préparée et suscitée par la politique US des années 2000/2022, c’est
l’Europe qui a été affaiblie, et ce n’est pas terminé.
Ce qui est
fantastique à observer, c’est que ces attaques victorieuses des USA contre la France
et l’Europe ne provoquent aucune réaction de l’oligarchie française. Elle
serait presque prête à les féliciter : good job guys ! Un masochisme
qui reste à comprendre.