@Seth. Je ne pense pas. L’athéisme moderne a quelque chose de nécessairement antithéiste, dans la mesure où effectivement l’humanité a toujours cru massivement en des entités. Or l’antithéisme dit : « la majorité de l’humanité a tort ». Mais ce qu’il devrait se dire, et ce que certains évolutionnistes se disent pour s’en tenir à la science, c’est que « l’idée » théiste (poly- comme mono-) fut nécessaire pour développer les fonctions empathiques du psychisme. Alors le curieux, c’est qu’on s’imagine, sur cette base, pouvoir se passer de « l’idée » théiste (qui est bien plus qu’un seule idée, puisqu’elle éprend parfois intensément, qu’on s’en tienne à sa biochimie comme à la qualité de son expérience personnelle). Manifestement, dans le monde hypermoderne (l’expression est de Gilles Lipovetsky) règne l’hypernarcissisme (même auteur) : il serait peut-être temps d’y voir un lien de cause à effet avec l’irréligion, même sous l’angle évolutionniste scientifique seul. C’est-à-dire que « l’idée » théiste, aussi épurée soit-elle — telle que dans le déisme d’un Voltaire (franc-maçon), — a un impact positif sur le développement psychologique complet. D’aucuns n’y voient qu’un anxiolytique : c’est vrai, mais cet anxiolytique, en tant que tel, réduit l’anxiété et prolonge l’existence en conséquence par réduction du stress psycho-physiologique... mais surtout c’est réducteur même au point de vue scientifique, puisque « l’idée » théiste est belle et bien vectrice d’empathie.
Hélas, si le fanatisme semble si peu vecteur d’empathie, c’est que les monothéistes se disputent « l’idée » théiste au miroir d’une seule entité. Ils veulent arrêter la figure de l’Autre, pour n’empathiquement que s’y retrouver eux-mêmes. C’est tout. Ensuite, des études ont été menées, qui démontrent que, dans les faits, les « athées » (qui n’ont été comparés qu’aux monothéistes dans cette étude) sont plus généreux que les monothéistes invocateurs du Bien. Ce serait une bonne nouvelle, si cela signalait réellement l’existence d’une empathie développée. Aussi bien, il peut s’agir d’une sympathie, au sens de sentiment symbiotique, par indifférentiation. Là est le point. Le divin, différencie. Il fait mûrir. Et c’est ainsi qu’on peut avoir moins de générosité apparente aussi, au profit d’un respect envers l’autonomie et la force d’autrui à se construire (en vertu de « la foi »). Bien entendu, un tel respect tourne parfois à l’inconscience, à laisser autrui dans sa merde aussi. Mais, ce qui est sûr, c’est que nul n’est parfait, et que l’idée même d’une « perfection en tant que telle », est monothéiste, puisque toute perfection réelle est forcément relative à un domaine, ou un genre, comme disait Aristote. Il n’y a pas de perfection en soi, la perfection est l’attribut de ce qui dépasse son domaine, ou son genre.