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La diplomatie est la conduite de négociations et de reconnaissances
diplomatiques entre les personnes, les groupes ou les nations en vue de
définir un accord, par exemple pour résoudre un conflit sans violence. À
ce titre les relations internationales sont indissociables de la
guerre, ou, plus exactement d’une tension constante entre la guerre et
la paix. Raymond Aron(1) a établi que les deux principaux acteurs des
relations inter-étatiques sont l’ambassadeur et le soldat : l’un comme
l’autre ont pour fonction de représenter leur pays à l’étranger. Il
existe ainsi une relation de continuité entre la diplomatie et la
guerre. Toutes deux visent également à garantir les intérêts d’un pays
donné : la première par la négociation, la seconde par la violence(2).
Ces définitions établissent clairement les rôles respectifs, du
diplomate et du militaire, dans les relations inter-étatiques. Chacun
contribue à protéger les intérêts fondamentaux d’une nation. Bien
évidemment, la diplomatie est à privilégier, les moyens militaires
constituant le dernier recours. Comme le disait fort justement le roi
Frédéric II de Prusse : « l’agresseur c’est celui qui contraint son adversaire à recourir aux armes »(3).
La noblesse de la diplomatie est d’éviter les conflits, ou, lorsqu’un
conflit a éclaté, d’essayer par tous les moyens de le stopper et de le
résoudre par la négociation. Le diplomate et le militaire, sont les deux
faces d’une même pièce. La seule arme du diplomate, c’est la parole, le
verbe, le logos, c’est de négocier en usant de toutes les ressources
oratoires à sa disposition.
Ici il faut évoquer le souvenir de Charles-Maurice de
Talleyrand-Périgord communément appelé Talleyrand, (2 février 1754 -17
mai 1838), qui fut un homme d’Église, un homme d’État et
un diplomate français, actif du règne de Louis XVI à celui
de Louis-Philippe, particulièrement pendant les périodes de
la Révolution, de l’Empire et de la Restauration(4). Il fut sans doute
le plus grand diplomate d’Europe, de France certainement. Chargé par
Louis XVIII de défendre les intérêts de la France au congrès de Vienne
en 1814, Talleyrand réussit à fissurer le mur des vainqueurs avides de
dévorer leurs proies. « Ce miracle d’habileté, qui rendit à la
France sa place parmi les grandes nations et sa voix dans le concert
européen, c’est Talleyrand qui l’accomplit » écrit Jean Orieux(5).
Josep Borrel, qui se présente comme le chef de la diplomatie
européenne, n’est certes pas à la hauteur de son illustre prédécesseur.
Bien pire, il est son exact opposé. Là où Talleyrand mettait son verbe
et son art au bénéfice de la paix, Borrel se présente comme un faucon,
un va-t’en guerre, à mille lieux de l’image habituelle d’un diplomate.
Depuis le début du conflit en Ukraine, Josep Borrel a délibérément
revêtu le costume du guerrier, multipliant les déclarations
incendiaires, indignes d’un diplomate et fort éloignées de la bienséance
propre à la diplomatie.