@Fanny
suite du commentaire ci-dessus :
Une
fois la question ukrainienne réglée, le seul problème qui subsistera sera
l’équilibre stratégique question missiles : leur nombre et proximité de la
Russie, des USA et de la Chine, sachant qu’il y aura toujours des sous-marins
avec armes nucléaires, dont les français.
Alors
pourquoi ces 87%, expression du soutien du « dictateur » Poutine et
d’une hostilité massive des Russe à l’égard du discours occidental sur la
Russie à l’occasion de cette guerre ?
Si
ce ne sont pas « les valeurs », pas « le sociétal », ni
« le régime économique », ou encore « l’agressivité
géopolitique », de quoi s’agit-il ?
Un
premier motif : les Russes sont convaincus que la Crimée est russe. Ils ne
comprennent pas pourquoi un Macron, qui n’a rien voir avec la Crimée (le second
Empire avec Napoléon III au Mexique et en Crimée est passé), leur conteste ce
fait.
Mais
là n’est peut-être pas l’essentiel, qui me paraît d’ordre culturel/relationnel.
Il s’agit du sentiment des Russes que l’Occident les méprises du haut de leur
civilisation avancée et raffinée. Depuis l’époque du jeune Louis XV et Pierre 1er,
rien n’aurait vraiment changé.
Ils
le savaient déjà mais en ont reçu une confirmation cinglante après le 24
février 22, comme une gifle. Les sanctions, l’interdiction des artistes russes
en Occident, le quasi bannissement de la culture russe en Ukraine, des médias
mainstream occidentaux d’un racisme décomplexé, la tentation d’exclure la
Russie du sport mondial, rien de tout cela n’a échappé aux Russes.
Ça
ne s’était encore jamais vu à l’occasion des guerres précédentes, jamais. La
Russie a eu droit a un régime exceptionnel, spécial (comme leur opération), à
une détestation hors du commun, hors normes. Ils n’oublieront pas ce
déclassement au rang de moujiks, eux qui ont lancé le premier spoutnik.
La
Turquie a été qualifiée comme candidat potentiel à l’UE. La Russie,
culturellement plus proche, n’a jamais été sollicitée.
Il
y a bien sûr, derrière tout ça la main des USA et leur refus d’une Europe unie
jusqu’à l’Oural. Mais ça n’explique pas tout, l’enthousiasme avec lequel
l’Europe a adopté toutes les ressources de la russophobie était éclairant.
Même
si les valeurs occidentales et russes sont finalement assez proches, il y a
tout de même des différences qui, dans certaines circonstances, prennent une
importance considérable. Les Hongrois, en dispute avec certaines valeurs de
l’UE, nous mettent sur la piste. Les Russes, malgré l’image qu’ils nous
renvoient (fatalistes, soumis à une dictature sans broncher) ne sont pas prêts
à admettre la domination de Bruxelles et de Washington. Certains diront qu’ils
préfèreront celle de la Chine : à voir dans la suite.
Sans
préjuger de la conclusion de la guerre d’Ukraine, le divorce Occident – Russie
est profond et durable. Des relations formelles vont se rétablir un jour, mais
elles ne seront jamais plus comme avant, comme au temps où les architectes
italiens construisaient Saint-Pétersbourg, où Voltaire et Diderot
s’intéressaient à la Russie. Pour nous, la Russie deviendra celle de Custine,
pour longtemps. Les Anglo-saxons ont gagné, on sera tous perdants.
NB :
je m’excuse de la longueur de ce commentaire. J’aurais pu faire un article,
mais éditer un commentaire est plus facile.