"Que s’est-il donc passé en 50
ans pour que l’école se transforme en une institution faisant
l’éducation à la place des parents ? "
Çà s’est passé avant, quand
l’« instruction publique » est devenue "éducation
nationale" le 3 juin 1932, avec une parenthèse aux débuts du
régime de Vichy où elle est redevenue brièvement « Instruction
publique », et pendant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing
où elle n’est plus que « l’Éducation », sans l’épithète
« nationale », (européanisme oblige).
La distinction entre Éducation
nationale et instruction publique date de la Révolution française
avec, d’un côté, les tenants d’un modèle spartiate visant à
former l’enfant dans sa totalité au sein d’une école assurant
une éducation égalitaire et communautaire, et, de l’autre, ceux
qui, comme Condorcet, estimaient que l’éducation revenait à la
famille et que le rôle de l’école devait se limiter à
l’instruction, à l’inculcation des éléments (de base. Mais
cette distinction a été brouillée par les pères de l’école de
la Troisième République qui prônaient une éducation « libérale »
nationale sans pour autant rompre avec l’instruction publique de
Condorcet. C’était déjà du « en même temps » !
L’apprentissage de la sexualité
elle-même est ambiguë : elle englobe la physiologie de la
reproduction qui fait partie de l’instruction et les jeux de l’amour
qui font partie de l’éducation et donc, de ce fait, soumis à un
code moral.
Ce qui est affligeant dans le débat
repris par votre article, c’est que les uns et les autres font
semblant de considérer qu ce n’est pas une question morale, au sens
de « mœurs ». Or, les programmes de l’école, publique ou
privée, instructrice ou éducatrice on toujours été truffés de
considérations morales, c’est-à-dire d’idéologie. Critiquer
l’idéologie dominant à une période donnée revient le plus
souvent à avoir pour but de la rempacer par une autre.