L
’ALOUETTE DES CHAMPS
Citation : César, qui savait que sa modération était reconnue par tout le monde
(sic), sûr qu’il était de ne pas se faire
taxer de cruauté alors qu’il lui fallait seulement faire preuve de sévérité, ne
voyant pas, d’autre part, comment il pouvait assurer autrement la réussite de
ses projets si certains se mettaient ainsi à le contrecarrer un peu partout,
décida de faire réfléchir les autres en soumettant au supplice, pour l’exemple,
les défenseurs d’Uxellodunum. A tous ceux qui avaient porté les armes, il fit
couper les mains, mais il leur laissa la vie sauve afin qu’ils portent
témoignage sur le châtiment que les “mauvais” méritent (VIII, 44).
Les Français les appellent
“Alouettes des champs”, les Anglais “Alouettes du ciel”. Elles se réunissent
par petits groupes pour se nourrir et émigrer170. A terre, on ne les
distingue guère : elles se confondent avec la couleur du sol. Elles sont la
modestie et la simplicité mêmes.
Sur leurs pattes malhabiles, elles
sautent de mottes en mottes. Puis soudain, elles s’élèvent à perte de vue, dans
un vol groupé tout en harmonie et en arabesques. Elles s’immobilisent dans
l’air, repartent, tournoient, et montent dans le ciel. En s’élevant, elles
chantent inlassablement, et leur chant mélodieux se perd peu à peu dans le
silence des espaces infinis…
Laissant pendre leurs moignons
affreux et sanglants, les dents serrées sous l’emprise de la douleur, ils se
tenaient droits, immobiles et fiers ; et dans le regard désespéré qu’ils
tournaient en direction du ciel, il y avait toute une histoire vécue : les grandes
migrations, les folles chevauchées entre compagnons d’armes, l’amour de la
liberté, et puis, un terrible cri de souffrance.
Eloï, Eloï, lama
sabachtani ?
Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ?171
La foudre est tombée sur
Gergovie.
(mon Histoire de Gergovie, publiée en 1993)