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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Jupiter, un genou à terre ? Le piège de la dissolution de l'Assemblée nationale au soir des élections européennes


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Renaud Bouchard 12 juin 2024 10:36

Aux Lecteurs

Dissolution : jeu de dups

Suite et fin

Le dessein présidentiel se devine assez facilement. Après avoir tenté d’endosser le costume bien trop large de de Gaulle, s’être fait comparer flatteusement à Giscard, avoir singé, sinon plagié, un Chirac à Jérusalem bataillant contre les services de protection rapprochée avec son accent français à couper au couteau dans un anglais scolaire (alors que le président maîtrise très bien la langue des banquiers d’affaires…), voilà qu’il nous promet du… Mitterrand. Le Mitterrand savoureux et espiègle des cohabitations, celui qui joue avec le gouvernement pour se faire plaisir, sans en avoir l’air, mais avec une efficacité redoutable pour lui mettre des bâtons dans les roues…Marine Le Pen a compris le piège : elle n’ira pas à Matignon. Aucun Premier ministre en poste n’a jamais pu se faire élire depuis la Rue de Varennes. Elle laissera son « Édouard » y aller, que, comme l’original de 1993, Macron flattera pour enfoncer un coin entre le plus jeune Premier ministre de la France et son mentor. Macron doit déjà se délecter du programme : en matière de clivage, il est un orfèvre, un expert toutes catégories confondues ! Il n’a fait que cela depuis qu’il est élu. Le piège de Macron va plus loin encore : il lui faut conjurer le risque d’une victoire du RN en 2027, ce cauchemar de chacune de ses nuits de remettre les clefs du Palais à madame Le Pen, lui qui jura de l’anéantir. Il ne lui reste qu’une seule option, la dernière carte, le dix de der : lui remettre les clefs de Matignon et le laisser s’user au pouvoir, là où il n’a jamais été. Vu l’état de la France laissé par « un Bruno qui est quand même là depuis sept ans », ça ne devrait pas prendre trop de temps.Mais, parce que Macron est Macron et que la France n’est pas un prix trop grand à payer pour son petit plaisir, les choses ne se limiteront malheureusement pas à ces quelques chicayas de cohabitation ordinaire. L’évocation dans l’allocution présidentielle du 9 juin des « désordres » en dit beaucoup plus sur ses vues. Il s’attend, parce qu’il va les provoquer insidieusement, à des désordres, des émeutes des « jeunes contre le RN » comme on les a déjà entendus dimanche soir sur la place de la République. Le chaos sinon rien, aussi entretenu par un Jean-Luc Mélenchon, complice du moment de Macron, à qui il ne reste que ça pour espérer prendre le pouvoir. Et par Macron, car il ne lui reste que ça pour essayer de le garder, lui qui fut réélu contre toute attente en 2022 en nourrissant les peurs d’une frange importante de l’électorat.Macron est devant la France comme devant un jeu de Monopoly. Il use et abuse tour à tour de tous les outils de la Constitution. L’année dernière, ceux qui lui ont permis d’éviter le moindre vote au Parlement sur des lois essentielles. Il y a quelques semaines, l’État d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Hier, la dissolution. Et demain, l’article 16 des pleins pouvoirs face au chaos, que seul de Gaulle a mis en œuvre jusqu’à présent.Peut-être aussi rêve-t-il par ce moyen d’une nouvelle forfaiture qui lui permettrait de justifier qu’il fît un troisième mandat pour sauver la République des vents mauvais, avec son appel du 18 juin à lui devant l’effervescence d’une nation en péril par les colères juvéniles qu’il espère réveiller ?Partager cet article Source : Thierry LEBEAUX


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