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Commentaire de norbert gabriel

sur Béart, Ferré, Brassens, Gainsbourg, tous des ratés des arts majeurs…


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norbert gabriel norbert gabriel 29 juin 2024 11:09

Souvenir de Guy Béart

Il aura été un des derniers chanteurs « à texte » (avec Claude Nougaro) à réussir à s’imposer, « passer les mailles du filet » dira-t-il, au moment où la vague des « yéyé » envahissait le paysage de la chanson française en emportant pratiquement tout sur son passage, y compris Serge Gainsbourg*, de la même génération et la même école (le cabaret de la Rive gauche).

Guy Béart fut un peu oublié, mais pourtant son œuvre est très intéressante et devrait tôt ou tard trouver sa juste place dans l’histoire du répertoire. Du moins on peut l’espérer.

L’originalité de Guy Béart, formidable mélodiste, aura été de ramener la « chanson à texte  » vers les racines de la chanson traditionnelle ou folklorique, comme on disait à l’époque. Il a systématisé ce qui était déjà à l’œuvre chez Georges Brassens dont les chansons renferment des références explicites (dans la forme et dans le fond) à la chanson traditionnelle et à la poésie (aussi bien celle du Moyen-âge que celle du XVIIIe ou du XIXe siècle).

L’écriture de Guy Béart est peut-être moins littéraire que celle de Brassens, mais elle est plus directe, plus simple, plus « moderne ». S’appuyant sur les formes de la chanson traditionnelle, Guy Béart aura cependant traité des sujets contemporains, moins « intemporels » que ceux de Brassens. Béart a parlé de son époque et la langue de son époque en traitant musicalement ses chansons comme des chansons folkloriques dans lesquelles on entend parler de téléphones, de voitures, de télé, de bombe à neutrons etc.

Près de quarante ans plus tard, on constate à leur écoute que nombre d’évocations restent actuelles (au hasard : Le dopage dans le Tour de France ( !) dans « La Vérité », les médias et le sensationnel dans « Tournez rotatives », etc.) De nombreuses chansons de son répertoire sont des témoignages de leur époque, traitées avec des formes de chansons « traditionnelles » héritées d’un passé indéfini.

Au début des années soixante-dix il a d’ailleurs consacré deux albums aux chansons du patrimoine français anonyme. C’est vrai que la période était propice au «  folk » qui était alors à la mode, mais il s’agissait surtout du « folklore » américain. Guy Béart a eu le mérite de nous rappeler que nous avions aussi de belles « Très vieilles chansons de France ».

C’est peut-être, entre autres, cet aspect folklorique de ses chansons qui lui aura valu le statut de ringard qui fut longtemps le sien, sans doute aussi à cause des « comiques » de télévison, comme Les Nuls, qui en avaient fait une de leur cible favorite.

Loin des textes alambiqués et poétiques chantés sur des musiques peu dansantes par les « successeurs » de la Rive gauche, et loin du rock’n roll pour les kids , il a tracé un chemin très original en écrivant des chansons populaires, dans le sens le plus noble et le plus ancien du terme. Ce fut un apport considérable au répertoire dont avec un peu de recul nous devrions finir par mieux apprécier l’importance. Toutefois, comme n’importe quelle œuvre, celle de Guy Béart reste maintenant en ce qui concerne sa postérité à «  l’épreuve du futur ».

Pierre Delorme



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