@Rinbeau
Salut, oui.
Ce spectacle est aussi étrange, tant de bêtise globale et d’incompréhension de ce qui se passe que ce soit superficiel et-ou profond, est sidérant..
nous sommes bêtes à pleurer..
et récoltons ce que nous avons semé et semons même là...
sans cette masse abrutie il ne peut y avoir de maître dément..
le spectacle est celui de l’écroulement avec cette dose de bêtise remarquable qui se cache sous une certaine arrogance , les deux vont de pair.
La Boetie :
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre
mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux
le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos
champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos
ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il
semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous
laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.
Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des
ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez
fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la
guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir
vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains,
un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre
infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous
lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous
épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous
frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités
ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit
de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était
d’intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous
faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui vous pille, les
complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous
semez vos champs pour qu’il les dévaste, vous meublez et remplissez vos
maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu’il
puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu’il en
fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu’il les mène à la
guerre, à la boucherie, qu’il les rende ministres de ses convoitises et
exécuteurs de ses vengeances. Vous vous usez à la peine afin qu’il
puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales
plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il
vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d’indignités
que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient,
vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer,
seulement de le vouloir.
Soyez résolus à ne plus servir, et vous
voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais
seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand
colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre."
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