Diviser pour mieux régner– De Machiavel à l’ingénierie sociale
L’idée de diviser pour mieux régner, bien que vieille de plusieurs siècles, reste une stratégie centrale dans l’art de gouverner. Machiavel, dans « Le Prince », explique comment les dirigeants peuvent exploiter les divisions pour se maintenir au pouvoir, en instaurant des rivalités entre groupes pour éviter leur unité. Lucien Cerise actualise cette idée dans « Gouverner par le chaos », décrivant une ingénierie sociale moderne qui exploite la confusion et les divisions pour rendre la société plus manipulable. Quant à Gustave Le Bon, sociologue français, dans « Psychologie des foules », il explique comment les foules peuvent être manipulées par des leaders charismatiques.
Le rôle des médias
Noam Chomsky, avec « La Fabrique du consentement », approfondit cette idée en montrant que les médias sont essentiels dans cette dynamique de contrôle. Pour eux, la propagande et les médias de masse sont des instruments de manipulation qui créent un cadre narratif divisé, polarisant l’opinion publique. Les masses sont dirigées non pas par la coercition directe, mais par la diffusion d’idées qui façonnent leurs opinions et comportements. Chomsky va jusqu’à décrire les médias comme des « chiens de garde » des intérêts des élites, orientant l’information pour maintenir des groupes sociaux dans des débats clivants et souvent stériles.
Le pouvoir des réseaux sociaux et l’exemple de TikTok
Des analyses plus modernes, soulignent comment les plateformes numériques utilisent les données personnelles pour influencer les opinions et amplifier les divisions sociales. Des plateformes comme TikTok, par exemple, utilisent des algorithmes qui montrent aux utilisateurs des contenus correspondant à leurs préférences, créant des « bulles » d’opinions isolées. Cette personnalisation des contenus amplifie la division : les utilisateurs ne voient que des perspectives qui confirment leurs croyances, ce qui limite leur exposition à des opinions divergentes et renforce les divisions idéologiques et culturelles. Ces plateformes deviennent alors des outils puissants de contrôle, diffusant des contenus souvent superficiels ou polarisants, détournant l’attention des enjeux collectifs...