@guylain chevrier
Bonjour
Vous avez raison de rappeler les objectifs initiaux de la décentralisation, mais franchement, s’il y a une compétence où ses effets ont été limités, c’est bien celle du social. Le rapprochement des décisions à l’échelle des territoires dans ce domaine est difficilement palpable (contrairement à d’autres compétences). Ce n’est pas parce qu’on la confie à un élu local en remplacement du Préfet que les choses changent du fait même de la spécificité du travail social et de la déontologie du travailleur social, qui limitent de fait les interactions entre le terrain et la hiérarchie. En ce sens, l’organisation d’un Etat moderne que vous soulignez dans le fait décentralisateur a été de fait quasi inexistant dans se transfert. Avec le recul, Il s’est plutôt agit d’un transfert de charges de l’Etat vers les collectivités, comme en 2004 l’a été le transfert des personnels des collèges et lycées. De plus, la majorité des décisions dans le domaine du social (comme le montant du RSA, par exemple) sont toujours prises par un Etat omnipotent et ne laissent aucune marge de décision aux conseillers départementaux (et c’est heureux !) et la crise actuelle des financements montre bien l’emprise de l’Etat sur les collectivités territoriales.
Donc, si la décentralisation a pu entraîner des améliorations sur le terrain en termes de moyens pour la compétence sociale, cela reste très limité et le Département, géré par ses conseillers départementaux est devenu quasiment une sous préfecture aux ordres de l’Etat et ne présente plus aucun intérêt en tant que collectivité territoriale.
Le retour de la compétence sociale à l’Etat, qui, en plus de fixer les règles est également à l’origine, de par ses décisions politiques de la situation sociale du pays, devrait à mon sens être envisagée, selon le principe du « qui décide paye ».
Aucun chamboulement à attendre de la prise en charge des personnes en difficultés, puisque le transfert des moyens en 1986, s’est fait sans heurts et que le mouvement inverse peut être envisagé sans appréhension.
Finalement ce débat sur la décentralisation et la répartition des compétences n’est pas un enjeu majeur, sauf pour les élus locaux, (très nombreux en France) qui auraient sans doute à y perdre... Ce qui me gêne, c’est qu’il laisse le citoyen dans l’ignorance des enjeux en le manipulant avec du déclaratif exclusivement politique.