@Fanny
Lorsque Marx a commencé à accumuler des notes (dites « Grundrisse ») en 1857, en vue d’écrire Le Capital, publié dix ans plus tard, il a passé du temps à observer l’industrie naissante de son temps : le plus souvent il n’y avait qu’un seul moteur à vapeur par entreprise, qui entrainait toutes les machines et lignes de production de l’usine par des jeux de courroies, de poulies et d’arbres de transmission de la force et du mouvement.
Il n’y avait pas d’électricité, (autre qu’expérimentale), pas de moteur à combustion interne (essence, gas-oil, gaz), comme source de puissance motrice. Néanmoins l’usine « primitive » fonctionnait donc, avec son moteur à vapeur, comme un seul organisme « automatisé » : il suffisait de « débrayer » une simple courroie de cuir pour arrêter, isoler et intervenir sur une machine particulière, question réglage, entretien ou autre.
A partir de cette observation Marx a pu comprendre et déduire toute l’évolution du processus industriel jusqu’à nos jours, dans les « Grundrisse », donc, même s’il s’est « arrêté », dans Le Capital, à ce qui concernait le développement industriel de son temps et en grande partie tel qu’il s’est poursuivi au XXème siècle, jusque dans les années 70, environ. Pour comprendre la « suite », c’est à dire la période d’automatisation et de robotisation que nous vivons encore, il faut donc davantage se reporter aux « Grundrisse », qui nous donnent quelques éléments de base de la transition actuelle, même si Marx espérait évidemment qu’elle se ferait dans un autre type de rapports sociaux...
Bien entendu il ne faut pas pour autant se contenter d’une transposition dogmatique, comme certains le font encore, mais qui n’ont le plus souvent pas réellement lu Marx, et sur ce point on ne peut qu’être « d’accord » avec Minc, même si, pour sa part, il « transpose », précisément, en fonction de son intérêt de classe !
La leçon de tout ça n’en est pas moins que les choses les plus compliquées ne sont jamais qu’un enchaînement de choses très simples, prises séparément, et qu’il ne faut donc pas les perdre de vue comme telles, lorsqu’elles se combinent entre elles, si ont veut pouvoir suivre le fil dialectique qui les relie.
Il faut donc aussi savoir en retrouver la trace lorsqu’elles disparaissent, comme la « plus-value » industrielle, à cause des traces précisément structurantes qu’elles ont laissé dans notre monde actuel. En somme, comprendre l’histoire passée pour comprendre jusqu’à quel point elle est dépassée, et précisément pour la dépasser en comprenant mieux le présent qui en découle... !
Luniterre