Vous dites, « les sondages actuels sont superficiels car ils ne montrent pas 1) que Le Pen est très fort en discours [...] les sondages le sous estiment. Il s’agit des »votes discrets« qui se portent actuellement sur Sarkozy surtout et ensuite sur n’importe quel autre candidat ou dans le refus de s’exprimer. » Sarkozy est tout aussi fort que Le Pen sur ce point, avec un discours plus captivant, et d’un niveau que la France a rarement connu dans ses Assemblées. Contrairement à Le Pen, il n’est pas limité à un genre, l’humour et autres (tristes) calembours, mâtiné de démonstrations d’autorité à l’extérieur mussolinien (ou un peu mieux, soit). « Pourquoi ? », dirait Sarkozy avant de donner lui-même la réponse - procédé dont il abuse un peu -. Je réponds que le contenu du discours de Sarkozy permet d’autres tours : l’intelligence entière dans les arguments (raisonnement simple, problèmes concrets réels), le portrait de situation (abus, principes). Toutes choses, au passage, brouillées de symbolisme, de références aux « acquis » (lesquels), et de clientélisme auprès de fonctions à revaloriser, côté Gauche Caviard et Stalinienne.
La situation d’Exposer paraît galvaniser Sarkozy, aimant plaire à son auditoire tout en l’idéalisant. En effet, la médiocrité des invectives anti-chômeurs, sur les blogs UMP, est consternante. Je serais moi-même ou à sa place, j’irai voter Besancenot pour me purifier avant le second tour. C’est plus rare ici, vu le nombre de contributeurs honnêtes (c’est de ma faute, je ne suis pas là-bas). Pour en finir avec Le Pen, il est menacé par son succès. Voici un homme nourri de l’échec et de la catastrophe du travail politique des majorités aux dépens des français, du résultat de gestions courtes et aggravantes. Il est satisfait par le geste de protestation, où baignent des auditoires bon-clients... Pendant ce temps, la pyramide sociale dissimule dans ses plis bureaucratiques, moins de misère que d’abus et de bassesses. Elle réserve d’autres naufrages sociaux pour flatter les bons sentiments de classes arrivées depuis vingt ans par effondrement de l’« autre » au fil de mesures anti-distributives au point d’avoir fait disparaître une classe moyenne désormais fantasmée. Cette moyenne, devenue populaire contre toute attente, forme le point nodal des attentes et des espérances dans cette société, et des enjeux de cette élection.
Pour finir, il y a des défauts typiquement masculins dans les milieux du travail. Il en existe de typiquement féminins, qu’il n’est pas de bon ton d’appréhender. Je me demande si les électrices et électeurs, qui connaissent bien les milieux professionnels majoritairement féminins, les apprécient comme il vous semble.