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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Histoire et politique : merci, Monsieur de Villepin


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Sylvain Reboul (---.---.123.53) 15 décembre 2005 14:44

Je considère que le débat sur cette affaire est pour le moins confus car il mélange la considération objective des faits et le jugement de valeur nécessairement subjectif sur eux. La colonisation est un fait ; ce fait est jugé négativement par les populations qui l’ont subi. C’est aussi un fait que la colonisation dans son principe était un déni de droit du point de vue des règles de la démocratie et de la république dont se réclamait la puissance coloniale (comme du reste l’esclavage). Cette contradiction entre valeurs fondamentales et réalité du comportement de la puissance coloniale est en effet objective et non pas seulement subjective, elle mérite en tant que telle d’être mentionnée par l’historien.

Maintenant que la présence française ait eu certains effets positifs pour les populations colonisées ne justifie en rien que la colonisation en elle-même ait été positive, sinon du point de vue des colonisateurs et de leurs serviteurs. Rien ne peut donc valider objectivement un tel jugement global ; cela interdit à des historiens, en tant que tels, de se risquer à émettre un tel jugement partial, ou alors ils ne sont plus des historiens mais des moralistes.

Mais ce qui est vrai des historiens, l’est davantage en démocratie encore du parlement dont le rôle n’est pas d’imposer une appréciation subjective sur les faits historiques en forme de (pseudo)vérité officielle, laquelle n’a aucun sens puisque un tel jugement ne relève pas de la vérité mais du jugement moral sur les faits.

Cela est tout à fait autre chose que de refuser le négationnisme dès lors que les chambres à gaz sont des faits et non des jugements de valeur, et que ces faits sont admis comme des crimes contre l’humanité ; là on n’est plus dans la sphère de l’histoire mais de la justice fondée en droit. Or c’est un des devoir de l’état de dire le droit et de le faire respecter.


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