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Commentaire de PBi

sur Politique économique (3) : La part du rêve


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PBi (---.---.118.225) 7 juillet 2005 16:23

A l’auteur du commentaire précédent,

Merci d’engager le dialogue même si j’aurais préféré ne pas parler à un interlocuteur anonyme, mais la règle du jeu le permet. Nous avons à l’évidence plusieurs points de désaccord.

D’abord je ne fais pas partie des libéraux dogmatiques pour lesquels « dépense publique » sont des « gros mots ». Je crois qu’il y a des dépenses publiques utiles et nécessaires. Je suis en harmonie en écrivant cela avec beaucoup de libéraux authentiques dont la conversion au marché ne date pas de la chute du communisme ou de la perte des illusions, engendrées par les évènements de mai 1968.

En outre ne me faites pas l’injure de croire que j’ignore que les dépenses publiques ou les allègements fiscaux que requiert à un moment donné le soutien de la conjoncture ne doivent pas tôt ou tard être financés.

Mon point de vue est que définir une politique économique suppose d’identifier des objectifs, les hiérarchiser et les insérer dans un calendrier réaliste. Ce que je soutiens, c’est qu’aujourd’hui, la priorité des priorités est de remettre la machine économique en marche avant de songer à mettre en œuvre des dispositifs de soutien direct de l’emploi ou même de réduire l’endettement. Car sans reprise de la croissance, aucun des objectifs essentiels auxquels nous tenons tous, diminution du chômage ou réduction de l’endettement, ne pourront être atteints dans la réalité.

S’agissant de la capacité du gouvernement français d’influer sur la croissance française, je n’ignore pas l’importance de l’environnement international, mais il dispose néanmoins de leviers qu’il ne doit pas hésiter à mettre en œuvre. L’internationalisation des économies ne peut être un alibi pour l’inaction au niveau national.

Je n’ignore pas non plus que le niveau de l’euro ne dépend que marginalement de l’action du gouvernement français. Mais il est clair que son retour à un niveau plus réaliste fera disparaître le principal handicap à court terme de la croissance française. Contrairement à vous, je ne pense pas que les parités des grandes devises résultent uniquement des « marchés ». L’exemple américain entre autres a montré qu’il n’en était rien et que la zone euro est capable de consolider le retour à un niveau plus raisonnable par des initiatives aussi discrètes que déterminées.

Quant aux aides à l’exportation, avant de désarmer, j’ai envie de dire : « Que messieurs les américains commencent ! ».

Accélérer la réalisation des infrastructures et l’investissement productif n’améliorera pas les marges des entreprises, mais soutiendra leur activité. Dans mon esprit, l’effet sur les finances publiques portera surtout sur le calendrier.

Nous ne pouvons discuter le détail du contenu d’un effort ambitieux d’innovation dans le cadre de ce dialogue, d’autant qu’à l’évidence nous sommes d’accord sur l’objectif. Toutefois sur cette question je revendique et j’assume un engagement déterminé des finances publiques. Mais, rassurez-vous, je ne demande pas que nous augmentions immédiatement les dépenses publiques de notre pays des vingt milliards d’euros, montant dont Patrick Artus, Directeur de la Recherche et des Etudes chez Ixis CIB, rappelle ce mois-ci dans Enjeux Les Echos, qu’il serait nécessaire « pour mettre la France – compte-tenu de sa taille bien sûr – au niveau des Etats-Unis ». Je me contenterais pour l’heure qu’on double le crédit de 500 millions d’euros, prévu pour l’heure pour l’Agence pour l’innovation industrielle et qu’on continue au même rythme pendant les cinq prochaines années par exemple !

Reste la question du « rêve » et des « nuages », je ne crois pas que le dialogue sur la réforme du marché du travail soit impossible, mais même si je comprends qu’on puisse discuter cet optimisme, je demeure convaincu que cette réforme absolument indispensable ne surgira jamais des alternances politiques ou ne survivra pas à leur succession.

Je suis heureux que nous ayons pu engager, à notre modeste niveau, un tel dialogue sur le sens et le contenu de la politique économique, dialogue dont, en tant que citoyen, j’aimerais qu’il soit repris et amplifié par des personnalités plus compétentes que je ne le serai jamais dans un tel domaine. Je suis convaincu que notre pays y gagnerait en efficacité pour le bien de tous.


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