Monsieur Bilger,
A mon tour, je vais essayer d’épargner la bande passante d’AgoraVox en répondant brièvement à votre commentaire, comme souvent intéressant.
1) Creuser l’endettement aujourd’hui, c’est devoir rembourser demain le montant emprunté augmenté des intérêts de la dette. En 2006, la charge de la dette sera équivalente au montant collecté par l’impôt sur le revenu ! Par ailleurs, le pacte de stabilité européen fixe des critères de convergence précis : les Etats membres de l’Union se sont engagés à maintenir leur déficit public sous un seuil fixé à 3% du PIB, et leur dette en dessous du chiffre de 60% de leurs PIB respectifs. Rappelons qu’en 2004, les déficits publics de la France ont atteint 3,7% du PIB et la dette est restée largement au-dessus des 60%, à 65,6% ( 1.066 mds €).
Pis, selon des prévisions de Bercy, citées par « Le Monde »(http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-669508,0.html), « les déficits publics seraient sur une pente de 3,5 % à 3,6 % pour 2005 (et même de 3,9 % si l’on ne prend pas en compte la soulte EDF) et à nouveau 3,5 % pour 2006, même en cas de rebond de l’activité » et « la dette, à politique inchangée, continuerait de croître pour atteindre environ 67 % en 2007 ».
Vous avez été PDG d’Alstom. Vous n’êtes pas sans savoir que les charges financières peuvent grever le résultat d’une société. Idem pour un Etat, dont les marges de manœuvre sont phagocytées par les intérêts de la dette. Vous n’ignorez pas non plus que le « track record » d’un agent est fondamental : quand on ne tient pas ses engagements, les marchés s’en souviennent. Idem pour nos partenaires qui n’ont pas manqué de nous envoyer à la figure notre arrogance à ne pas respecter des règles dont nous avons été les initiateurs, avec l’Allemagne.
Les critères de convergence, repris dans le Traité Constitutionnel auquel vous étiez favorable, sont valables chaque année. Certes, des circonstances exceptionnelles peuvent être invoquées pour s’en affranchir ponctuellement. Le problème, c’est qu’avec la France, l’exception est devenue la règle.
2) Je vous rappelle que vous avez soutenu un texte qui proposait dans sa partie I - Titre IV- chapitre II (les autres institutions et les organes consultatifs de l’Union), article I-30 alinéa 2 (page 43) : « le Système européen de banques centrales est dirigé par les organes de décision de la Banque centrale européenne. L’objectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, il apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union ». La prééminence est clairement donnée à la stabilité des prix. Dans ces conditions, comment pouvez vous vous interroger sur la communication de la BCE, « inutilement focalisée sur l’inflation », alors même que cet objectif était écrit noir sur un blanc dans un texte de la force d’une Constitution ?
Quant aux marchés, je doute qu’ils soient guidés par autre chose que la volonté des actionnaires de maximiser le montant de leurs placements financiers. Si les Etats avaient pouvoir sur eux, des Krachs ou des bulles ne pourraient survenir ou se constituer. Les marchés financiers ne connaissent qu’une loi : celle de l’offre et de la demande.
3) Je n’ai pas entendu un responsable syndical déclarer que la flexibilisation du marché du travail puisse se négocier moyennant une contrepartie. Peut-être par défaut d’information. Si tel est le cas, je ne demande qu’à lire les déclarations desdits responsables.
4) Je ne vous reproche pas vos bonnes intentions, loin de là. De la même façon, je ne reproche pas à ma nièce de dire que « si elle était présidente, elle ferait disparaître la faim dans le monde ». Combien de plans de relance économique, de stimulation de la croissance, d’allégements fiscaux, de dépenses d’infrastructures, de soutien aux exportations, d’encouragements à l’innovation ? Pour quels résultats ? Et encore, je n’évoque pas la « réduction de la fracture sociale », « la priorité à l’écologie et au développement durable », « le respect de l’autorité de l’Etat », « une justice plus efficace », « des services publics au service du citoyen », « un enseignement scolaire plus en phase avec les besoins économiques du pays », « la maîtrise des dépenses de santé »… Des bonnes intentions, personne n’en manque. Encore faut-il qu’elles reposent sur un socle réaliste, des objectifs précis et des moyens concrets pour les appliquer.
Sinon, en tant qu’ « observateur » et en exagérant le trait, je pourrais tout aussi bien écrire : La priorité doit être donné à la croissance économique, avec un objectif de 10 % +, tout en maintenant une inflation mesurée, à 2 % -. Avec les fruits de la croissance, obtenus via la relance de l’investissement et la stimulation de la consommation, nous réduirons l’endettement (annulé à horizon trois ans) et le chômage (ramené à son niveau structurel au même horizon de 3 ans). Ainsi, nous dégagerons des marges de manoeuvre pour moderniser l’appareil d’Etat ; police, justice, culture, recherche… Et aussi, environnement, solidarité. Selon la formule de Leibniz, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.
5) Merci de m’avoir répondu et merci de contribuer au débat démocratique en France. Votre expérience et vos compétences d’entrepreneur , vos idées humanistes sont autant de qualités qui rendent vos interventions particulièrement remarquables.
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