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Commentaire de miaou

sur Il n'y a pas que Paris en France


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miaou (---.---.228.108) 12 juin 2006 21:57

Plutôt qu’un complexe de supériorité, l’Alsace souffre d’un complexe s’infériorité, complexe qui a des racines très profondes. Comme toute région à forte identité (Bretagne, Corse...) , l’Alsace a subi les contre-coups d’un certain mépris jacobin, dont voici quelques illustations, en vrac :

L’Alsace a souffert servir de de ping-pong entre la France et l’Allemagne. L’abandon de l’Alsace à l’Allemagne en 1871 a notamment mal été ressentie en Alsace et joue un rôle considérable dans l’imaginaire alsacien. Plus tard, la problématique des « malgré-nous », en dehors de l’Alsace, reste largement méconnue hors de France.

Une politique de déculturation fut imposée : ainsi, après la 2nde guerre mondiale, les coups de règles étaient généralisés pour tout élève parlant alsacien dans l’enceinte de l’école. Le slogan « il est chic de parler français » était le mot d’ordre de cette purification linguistique. De nos jours, même après les excès de cette période, il est toujours difficile d’ouvrir des classes bilingues (problème identique pour le breton). La France se distingue toujours en refusant de signer le charte européenne des langues régionales ou minoritaires.D’une certaine façon, la suite de ce processus de simplification linguistique est encore à l’oeuvre, au détriment du français cette fois (recul du français, face à l’anglais, au sein du parlement européen et d’autres instances internationales) : c’est l’arroseur arrosé.

Lors de toute démarque administrative concernant un Alsacien, un humilant « certificat de réintégration » était exigé jusqu’à il y a relativement peu de temps. La promesse non tenue par l’Etat d’installer un synchrotron à Strasbourg (finalement mis en place à Grenoble par Mitterrand) Cela augure mal de la proposition de mettre en place un vague centre universitaire en consolation de la perte annoncée du Parlement européen (de toute façon, les promesses n’engagent que ceux qui y croient) Dans le même esprit, certaines remarques peu plaisantes de certaines élites furent émises lors du transfert, décidé par Edith Cresson, de l’ENA à Strasbourg. Bien sûr, il y a le fait pour la région Alsace de devoir financer son TGV-Est (que d’autres ont reçu gratuitement) dans des conditions rocombolesques (arrêt à Baudrecourt...)

Par ailleurs, il n’est pas rare pour un Alsacien de se faire traiter de « boche » (exemple, la polémique initiée par une certaine Anémone : « l’Alsace c’est un peu boche quand même ») Ce mépris est d’ailleurs perceptible dans certains messages ci-dessus (notamment la remarque de l’incompréhensible bobo Demian, amalgamant l’Alsace à l’extrême-droite). Ce mépris d’ailleurs explique en partie la montée de l’extrême-droite : si le racisme anti-arabe est reconnu et a droit de cité, qu’en est-il du racisme anti-alsacien (voire anti-« provincial »)

Pourquoi ce déballage, que d’aucuns jugeraient excessif ? Les miauleries communautaristes m’exaspèrent pourtant au plus haut point, mais si d’autres se sentent le droit de déballer le passé dans un but de victimisation, pourquoi je m’en priverai ?


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