Bonjour,
Il est en effet absurde qu’un industriel vivant des commandes publiques puissent posséder un groupe de média. Mais avant de porter un jugement sur la situation de Lagardère et Bouygues, il convient d’être plus précis quant au pourcentage de leur activité en France ou au pourcentage de leur activité dans l’armement. Cela évite de parler par slogan.
Par contre, pourquoi vouloir supprimer les chaînes publiques ? Elles existent dans tous les pays, même les plus libéraux. Plutôt que vouloir créer des petits TF1 partout, mieux vaut réflechir à la mission du service public dans un paysage audiovisuel qui a bien changé depuis 50 ans.
Rappelons à cette jeune auteur que Maurice Siegel, patron d’une chaîne privée (Europe n°1) a été viré par Giscard. A l’époque, pas de commandes publiques ou d’actionnaire public pour cette station.
Je rappelle aussi que l’Etat, c’est nous, et qu’une chaîne publique est un bien collectif, pas celui d’un gouvernement ou d’un parti.
Une réaction à quelques bêtises écrites dans le papier :
- « Les groupes de presse étrangers dépendent tous de leurs actionnaires ». Les groupe français aussi, selon mes informations.
- « Le Canard enchaîné, seul journal à ne vendre aucun espace publicitaire, est dépendant... de son lectorat avide de potins et de dénonciations sensationnelles ». L’auteur confond sans doute le Canard, qui est un hebdo d’information, avec Voici ou Gala. Par ailleurs, un journal digne de ce nom dépend effectivement de ses lecteurs (et ses journalistes de l’air qu’ils respirent). Il y en a près de 2 millions pour le Canard. C’est donc une dépendance très particulière...
- « La situation des médias en France a quelque chose de particulier. Soit ceux-ci vivent directement d’argent publique, soit ce sont des commandes d’Etat qui font vivre les groupes industriels qui les possèdent ». Voilà une généralisation bien hâtive. J’ai fondé plusieurs médias en France. Aucun n’a jamais bénéficié de subventions directes. Quant au reste, l’auteur doit étudier plus précisément la structure des chiffres d’affaires des groupes dont elle parle.
- « L’indépendance des chaînes publiques est impossible, car leur budget et leurs dirigeants dépendent directement (et non plus indirectement) des gouvernants ». Les écoles dépendent d’un budget public. Elles sont indépendantes des gouvernants. La BBC est financée par la redevance. Elle est indépendante. Le conseil constitutionnel est financé par un budget public. Il est indépendant. La justice n’est pas privée. Elle est indépendante. A force de raisonner en slogan « L’Etat c’est pas bien, le privé c’est bien », on finit par dire n’importe quoi.
A+
JR