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Commentaire de JeanSeb

sur Profs en colère, bac blanc boycotté


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JeanSeb (---.---.148.136) 30 mars 2007 23:22

La réalité ? Un prof ne vivrait-il pas dans la même société que les autres ? Il me semble que la réalité, c’est 35 heures de travail hebdomadaires, donc des soirées, des vraies soirées (sans copies, sans cours à préparer) souvent le vendredi après-midi libre, le samedi et le dimanche, repos intégral ! 5 semaines de congés payés plus les éventuelles récup’ en tout genre (sans copies, sans cours à préparer). La réalité, c’est aussi des comités d’entreprises qui aident au départ en vacances de leurs salariés et de leurs enfants, c’est un arbre de Noël pour les enfants des salariés, ce sont des tenues fournies pour beaucoup et même jusqu’au temps supplémentaire de travail payé à la minute à certains endroits ! Et l’éducation nationale ? RIEN de tout cela : même les stylos et le carnet de notes ne sont pas fournis aux enseignants !!! Les vacances, les sacro-saintes vacances ??? c’est donc ça l’objet de toutes les jalousies ? Et bien sachez que les enseignants ne sont pas payés pendant les vacances d’été ! Ils sont rémunérés 10 mois étalés sur 12 !!! donc les vacances, ils les ont mais ils les paient ! (par un salaire plus bas que ceux de leurs homologues diplômés de même niveau). Les profs ont bien conscience que la réalité n’est pas non plus rose pour tout le monde mais ce n’est pas une raison pour mépriser leur travail au point d’affirmer qu’ils « peuvent bien faire une heure de plus ». Une heure de cours est un PROJET, une évaluation est un PROJET, serinent les inspections. Quel individu serait capable de « pondre » 18 projets par semaine ? à 18, on n’a déjà plus de projet, on survit aux heures de cours en les rendant les moins inintéressantes possibles, alors continuons, mettons-en 19, 20 et pourquoi pas plus ? On fera des cours exclusivement magistraux où les élèves gratteront les cours jaunis (et ce n’est pas ce que font les enseignants si vous connaissez un minimum leur réalité actuelle !). Contrairement à ce que beaucoup pensent, la plupart des enseignants ont une conscience professionnelle, ils souhaitent que leurs élèves réussissent, qu’ils ressortent des cours avec le sentiment d’avoir appris, d’avoir compris, l’impression de ne pas avoir vu l’heure passer. La réalité de l’enseignant actuel, C’est l’utilisation des nouvelles technologies, de l’actualité pour permettre (en tout cas dans certaines matières) aux élèves d’appréhender ce qui leur est proposé ... Des impératifs qui passionneraient nombre d’enseignants mais pas pour 18 projets par semaine ! comment cela serait-il possible ?! Alors si les enseignants ne connaissent pas « la » réalité, force est de constater que bien peu connaissent la leur !!! Avant de juger, venez voir comment c’est de l’autre côté du bureau !

Au passage, rappelons que les enseignants ne revendiquent pas de nouveaux droits, ils demandent simplement qu’une situation dèjà pas très confortable ne se détériore davantage. C’est déjà suffisamment frustrant de ne pas pouvoir consacrer à chaque heure de cours le temps qu’il serait nécessaire pour en faire un cours passionnant. Alors quel enseignement voulez-vous pour vos enfants ? Il serait temps de chasser les idées préconçues concernant des cours qui se feraient tout seuls et que l’on pourrait resservir tels quels d’année en année, des copies qui se corrigeraient en 2 minutes,d’une paie exorbitante et autres lieux communs. Réveillez-vous ! ce n’est plus ça la réalité de l’enseignement et Dieu merci !

Dernière remarque : on nous fait croire que l’économie va mal, qu’il faut faire des économies, que chacun doit se serrer un peu la ceinture... On comprime tout le monde, on fait en sorte que chacun défende son bifteck... La réalité, c’est que les profs sont des salariés ne sont pas des salariés à part, dans une réalité à part... La réalité, c’est la compression des budgets, que ce soit au niveau public ou au niveau privé, ce sont de salariés (mais aussi des indépendants)à qui l’on demande toujours plus. Et à mesure que la part du gâteau destinée aux salariés se réduit (alors que le gâteau global augmente puisqu’il y a croissance !), les convives se bataillent les reliquats... On en est là, à se battre entre salariés, à aller voir dans l’assiette du voisin si des fois y’en aurait pas un qui serait dans une « moins pire » position pour la lui contester. On en est là, les discours de culpabilisation fonctionnent très bien:les salariés se bouffent le nez... Est-il honteux de revendiquer une éducation de qualité ?

On est presque dans des querelles de clocher, il faudrait peut-être se battre ensemble au lieu d’aller cherche des poux dans la tête de son voisin, en situation délicate également !!!

PS : désolé pour la longueur mais il fallait que je me lâche...


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