@ Dedalus
« Hallucinant de voir comme chacun semble se sentir remis en cause personnellement, ou dans sa propre chair, lorsque l’on évoque certains faits historiques »désagréables« auxquels la France a peu ou prou participé. »...
Il n’y a pas de quoi halluciner (à moins d’avoir abusé des substances ad hoc).
Il se trouve effectivement qu’il y a encore un gros tas de français qui ont un rapport quasi charnel avec la France et qui s’identifient totalement à elle, et qui se sentent insultés quand on l’insulte, humiliés quand on l’humilie, diffamés quand on la diffame et qui préfèrent les raisons d’en être fiers aux raisons d’en avoir honte.
Ca s’appelle le patriotisme, c’est en tout cas la façon française d’être patriote et ça remonte à bien avant 1789.
Oui, c’est un lien concret, à la fois personnel et familial, qui nous relie à nos contemporains comme à nos ancêtres.
Un lien personnel, oui : si le petit français n’apprend pas plus, comme vous dîtes « à avoir honte de Laval, qu’à se glorifier de Jean Moulin », quel lien aura-t-il avec cette patrie dont il n’a à avoir ni honte ni fierté ? Quand on n’a ni honte ni fierté, c’est qu’on n’aime pas, qu’on ne déteste pas non plus : on ne ressent rien.
Bien sûr, il y a les pages de honte et les pages de sang et il ne faut pas les dissimuler, il faut certainement les enseigner.
Mais outre que bien souvent les pages de honte de l’un sont les pages de gloire de l’autre (et quel plus bel exemple que la révolution française ? ), je maintiens que l’histoire d’un peuple, celle à qui il doit se référer dans ses manifestations collectives, est d’abord celle de ses gloires et de ses héros.
Oui, par exemple, la France est le pays de Jeanne d’Arc, pas celui de l’évêque Cauchon.
C’est un peu artificiel, ce n’est qu’une partie de la vérité et il est nécessaire qu’il y ait des historiens pour replacer l’ensemble de l’histoire et des histoires dans leur contexte.
(Il est d’ailleurs indispensable que ces historiens puissent effectuer librement leurs recherches et en publier les résultats, sans que des lois de repentance pseudo-mémorielles viennent les entraver.)
Mais c’est ainsi qu’on tire un pays vers le haut.