Ce film est nul, de toute façon. 99% du décor a été généré par ordinateur et ça se voit. L’histoire elle-même est simpliste au possible et mêmes les scènes de batailles (la raison pour laquelle je suis allé voir le film, bien sûr) finissent par se répéter.
Le film ne prétend pas à l’exactitude historique, c’est certain. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne puisse pas analyser la façon dont il représente l’histoire.
D’un point de vue occidental, les Perses sont l’ennemi par excellence (ils ont combattu les cités grecques, puis Alexandre), celui par rapport auquel on se définit soi-même, un peu comme les Arabes des siècles plus tard. 300 perpétue ce point de vue et l’amplifie : les Perses sont l’ennemi, ils sont une multitude imprécise, ils sont vils et certains d’entre eux sont monstrueux.
A l’opposé, on a les Spartiates et leurs abdos bronzés. Leurs pratiques eugénistes sont certes évoquées au début, mais ça ne va pas plus loin : ce sont les héros, ils se battent seuls contre tous et massacrent les Perses en faisant des pirouettes comme Brad Pitt dans Troie.
Et que défendent-ils, les Spartiates ? Pas seulement leurs champs de blé rendus par CGI, mais aussi et surtout la liberté. Le mot revient à tout bout de champ dans la bouche de Léonidas et, même sans faire preuve d’un esprit tatillon, on ne peut s’empêcher de le considérer avec un brin de scepticisme : les Spartiates n’étaient pas chez eux de grands défenseurs de la liberté (comme auraient pu en témoigner les hilotes).
Bref, c’est certes un film de divertissement, mais ça ne veut pas dire qu’il faille l’avaler sans réfléchir. Même si ce n’est certainement pas son objectif premier, il véhicule un point de vue extrêmement partial et reflète, peut-être inconsciemment, les considérations et les préjugés d’aujourd’hui.