• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de monjo

sur Faut-il réhabiliter Judas, suite... et fin !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

monjo (---.---.59.249) 2 juillet 2006 01:47

Je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous dites : « en quoi voyez-vous une attaque frontale de la religion catholique ??? Cet évangile n’apporte pas grand-chose de nouveau et donc ne change rien. ». Au contraire, il apporte un point de vue neuf sur l’événement en tant que source historique et théologique redécouverte : cela réouvre de [très] anciens débats historiques et théologiques, mais, ne l’oublions pas, dans des conditions politiques et religieuses totalement différentes !!!!

1.1. Ces premiers débats théologiques furent presque contemporrains de l’établissement du Canon chrétien (325), et l’évangile daterait de ce contexte, à un siècle près... c’est donc une source nouvelle pour cette période cruciale pour l’Eglise, en tant que élément institué par les hommes de cette époque... Mais encore au 4ème siècle, le christianisme ne faisait pas l’unanimité : il était un courant religieux, certes s’affirmant théologiquement et populairement, parmi d’autres... Il luttait encore pour la primauté contre à la fois les paganismes grecs, romains, « barbares », et ses propres courants centrifuges (donatisme, arianisme). Bref, les clercs cherchaient encore à unifier les chrétiens sous un même dogme pour peser plus dans l’empire : il n’était pas encore dominant en Occident !

Autre chose : l’écrit, à l’époque, n’était pas un fait annodin... : un texte, telle qu’une évangile, était lu à haute voix pour un vaste public. Il s’agissait de fixer des choses importantes, de laisser une trace ou des outils aux générations futures ou une correpondance (venant des élites). Tout le monde n’était ni lettré ni pourvu de l’éducation developpant le sens critique, à la différence d’aujourd’hui, et la propagande venait de naitre avec César. De plus, les informations circulaient beaucoup moins rapidement qu’aujourd’hui. Bref les débats de théologies n’était du fait que des spécialistes = les clercs !

1.2. En revanche, aujourd’hui, l’Eglise de Rome a été et demeure influente dans de nombreux états (tant en Occident qu’en Orient) : elle a participé au pouvoir de manière assidue pendant la période 600-1900 dans une grande partie du monde. Elle a donc été en position dominante, et eu une autorité incontournable, qui alors ne fut pas sujette au débat officiel avec des détracteurs déclarés (du moins jusqu’au 16ème siècle, du fait de l’Inquisition). Et encore aujourd’hui, elle le reste influente même si elle accuse, en France, un lourd héritage depuis la Révolution. Néanmoins, le Vatican est un état souverain, avec une double vocation : spirituelle (la communauté catholique) et politique-diplomatique (exemple : les visites pontificales en France, qui l’accueille comme chef d’état).

Or le pouvoir me semble un aspect dont, en démocratie, il faut discuter et critiquer (au sens scientifique du terme) la portée et les enjeux : pourquoi l’Eglise en tant que gouvernement politique et autorité spirituelle, devrait s’y soustraire et être inattaquable... Je prendrais un exemple significatif et pas si lointain que cela :

1947, découverte des manuscrits de la mère morte ; mais il a fallu attendre 1991 pour que ces manuscrits bibliques authentiques (concernantle judaisme et le christianisme) soit accessible à la majorité des chercheurs laïcs et écclésiastiques - soit après des pétitions renouvelées d’universitaires de toutes origines auprès des possesseurs des manuscrits (métropolite d’Israel ayant attribué le travail de publication à une équipe officielle d’experts, triés sur le volet) : on faudra veiller à ce que le National geographic ne laisse pas cette situation se répéter pôur l’évangile de Judas, et laisse d’autres chercheurs examinés l’authenticité du document. En histoire, la déontologie d’un professionnel exige que les sources puissent être vérifiées par d’autres... Sinon, il s’agit d’une histoire officielle digne d’une dictature...

2.1. Néanmoins, il faut bien faire la critique scientifique (externe et interne du texte), car l’évangile de Judas retrouvée est néanmoins une copie, ne datant pas de l’époque de Jésus et de Judas, c’est-à-dire succeptible d’erreurs de transcription, de rajout, voire de falsification (jusqu’à preuve scientifique du contraire).

Dans tous les cas, on comprendra que je ne parle pas d’une critique de la foi ou de Dieu mais de la matérialisation humaine du christianisme, l’institution (une création non de Dieu mais bien humaine), seul objet sur lequel on peut faire une analyse scientifique et historique dans notre cas, en étudiant notre document.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès